03-03-2024 15:00 - La Mauritanie et le Sénégal tapent à la porte du groupe des pays exportateurs de gaz

La Mauritanie et le Sénégal tapent à la porte du groupe des pays exportateurs de gaz

Afrimag - Lors du Sommet des pays exportateurs de gaz du 29 février au 2 mars à Alger, la présence de la Mauritanie et du Sénégal, en tant qu’observateurs, a été fortement remarquée et commentée, les deux pays s’apprêtant, au cours de cette année, à mettre sur les marchés internationaux la production du champ gazier commun GTA (Grand Tortue Ahmeyim).

Créé en 2001, le Sommet des pays exportateurs de gaz fait de plus en plus face à l’inexorable montée de la transition énergétique.

Le Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG) est constitué de 11 pays membres dont 5 en Afrique (Algérie, Egypte, Guinée équatoriale, Libye, Nigeria) ; 2 au Moyen-Orient (Iran, Qatar) ; 3 en Amérique du Sud (Bolivie, Trinité-et-Tobago, Venezuela) ; et la Russie. Par ailleurs, 7 pays non-membres ont un statut d’observateur : l’Angola, l’Azerbaïdjan, les Emirats arabes unis, l’Irak, la Malaisie, la Norvège et le Pérou.

Les 10 premiers réservoirs de gaz dans le monde

Les dix premiers réservoirs de gaz dans le monde sont la Russie (47 800 milliards de mètres cubes gazeux), l’Iran (33 500), le Qatar (24 300), les USA (8714), l’Arabie Saoudite (8602), le Turkménistan (7504), les Emirats arabes unis (6091), le Venezuela (5701), le Nigeria (5284) et le (Mozambique) et l’Algérie (4500).

Les pays qui produisent le plus de gaz au monde sur l’année sont les Etats-Unis (1 027 milliards de m3), la Russie (699 milliards de m3) et l’Iran (244 milliards de m3). Les réserves de gaz se calculent par rapport au vecteur prix international et au coût.

Le prix du gaz ne répond pas comme celui du pétrole à l’offre et la demande à un jour T, le marché du pétrole étant un marché mondial, le marché du gaz est segmenté géographiquement du fait de la prépondérance des canalisations (environ 70%) et le marché du GNL 30% étant un marché régional, d’où l’importance des contrats à moyen et long termes car l’investissement est lourd et à rentabilité à moyen et long termes.

Un marché volatile

Les tensions en Mer rouge, qui est une «autoroute de la mer» reliant la Méditerranée à l’Océan Indien, et donc l’Europe à l’Asie, en cas d’extension du conflit, risquent d’avoir un impact sur l’évolution du cours des hydrocarbures où près de 12% du commerce mondial passe par la mer Rouge avec près de 30% des volumes de conteneurs, le pétrole transitant par la mer Rouge représente entre 12 et 14% du trafic maritime mondial. Mais c’est le détroit d’Ormuz contrôlé par l’Iran qui est la zone de transit d’hydrocarbures la plus importante au niveau international avec un flux quotidien de pétrole évalué à 21 millions de barils, soit l’équivalent de 21% de la consommation mondiale en produits pétroliers.

L’Egypte est affectée puisqu’environ 20 000 navires transitent chaque année par le canal de Suez, la route maritime la plus courte entre l’Europe et l’Asie. Les attaques menées par les Houthis contre des navires en mer Rouge perturbent donc le commerce maritime et poussent les principales entreprises de fret à faire un détour par le Cap de Bonne-Espérance, à l’extrémité sud de l’Afrique, pour éviter le canal de Suez, entraînant des coûts plus élevés en raison de l’allongement de la durée du voyage.

C’est ainsi que, après les frappes américaines et britanniques, le Brent a bondi jusqu’à 4%, contre les Houthis à plus de 80 dollars le baril.

Les cours du pétrole et du gaz ont vu une bonne partie de leurs gains s’effacer, le bond lié à la dégradation de la situation géopolitique au Moyen-Orient s’est essoufflé, faute d’effet direct sur l’offre, les bourses n’anticipent pas pour l’instant une extension du conflit. Mais selon bon nombre d’observateurs, il faudra être attentif aux évolutions géostratégiques où 60% des grands groupes sont au Moyen-Orient, représentant 40% des réserves prouvées de la planète et les 2/3 des réserves mondiales de pétrole.

L’impact d’un possible élargissement du conflit au Moyen Orient sur le prix du baril

Un élargissement du conflit au Moyen-Orient notamment de l’implication de l’Arabie Saoudite avec une production de 10 millions de barils/j, de l’Iran (3,4 millions de barils jour), sans compter les Emirats arabes unis (3,7 millions barils/j) et l’Irak (4,1 millions de barils/j) pourrait avoir pour conséquence un baril de plus de 100 dollars. Cela aurait également un impact sur toute l’économie mondiale à court terme. Mais avec un effet négatif à moyen terme avec une récession serait plus importante, le FMI avant ces tensions prévoyant un ralentissement de la croissance mondiale pour 2024 de 2,6% en 2023 à 2,4% en 2024, soit près de trois quarts de point de pourcentage.

Le développement de l’hydrogène vert, dont il conviendra de déterminer le coût et le futur prix au niveau de l’expansion et la création de marchés à l’international, se présente comme l’un des axes majeurs de la nouvelle politique énergétique mondiale.

En conclusion, avec les tensions géostratégiques, bouleversement mondial qui influe sur les méthodes de gestion des Etats, l’on s’oriente vers un monde fragmenté multipolaire et devant connaître une profonde mutation, par ailleurs exposés aux nouveaux dangers systémiques avec les impacts du réchauffement climatique (catastrophes naturelles, incendies, inondations, pénuries d’eau, atteinte à l’unité nationale, etc.).

C’est donc que la Mauritanie et le Sénégal, bien que travaillant depuis 2016 à bien arriver à ce rendez-vous avec le gaz reculé par deux fois (2022 et 2023), nagent encore en pleine incertitude quant à l’exploitation, cette année, de leur gaz confiée à BP et à Kosmos Energy qui ont déjà évoqué l’augmentation de plus de 30% du coût d’exploitation du projet.

Par Mohamed Sneïba,
Correspondant Permanent - Nouakchott





Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité


Commentaires : 0
Lus : 1731

Postez un commentaire

Charte des commentaires

A lire avant de commenter! Quelques dispositions pour rendre les débats passionnants sur Cridem :

Commentez pour enrichir : Le but des commentaires est d'instaurer des échanges enrichissants à partir des articles publiés sur Cridem.

Respectez vos interlocuteurs : Pour assurer des débats de qualité, un maître-mot: le respect des participants. Donnez à chacun le droit d'être en désaccord avec vous. Appuyez vos réponses sur des faits et des arguments, non sur des invectives.

Contenus illicites : Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur. Sont notamment illicites les propos racistes ou antisémites, diffamatoires ou injurieux, divulguant des informations relatives à la vie privée d'une personne, utilisant des oeuvres protégées par les droits d'auteur (textes, photos, vidéos...).

Cridem se réserve le droit de ne pas valider tout commentaire susceptible de contrevenir à la loi, ainsi que tout commentaire hors-sujet, promotionnel ou grossier. Merci pour votre participation à Cridem!

Les commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité.

Identification

Pour poster un commentaire il faut être membre .

Si vous avez déjà un accès membre .
Veuillez vous identifier sur la page d'accueil en haut à droite dans la partie IDENTIFICATION ou bien Cliquez ICI .

Vous n'êtes pas membre . Vous pouvez vous enregistrer gratuitement en Cliquant ICI .

En étant membre vous accèderez à TOUS les espaces de CRIDEM sans aucune restriction .

Commentaires (0)