22-12-2024 20:30 - Leila Bouamatou à cœur ouvert sur les horizons du partenariat mauritano-sénégalais
RIMNOW ///
À la veille de l’ouverture du Forum Économique Sénégal Mauritanie (FESM), Leila Bouamatou a accordé un entretien exclusif à Financial Afrik, dans lequel elle a affiché beaucoup d'optimisme pour l'intégration économique des deux pays liés par l'histoire, la géographie et l'intérêt mutuel.
La Directrice Générale de Générale de Banque de Mauritanie (GBM), l’une des structures bancaires les plus importantes de Mauritanie, a salué au cours d’un entretien accordé à Financial Afrik dont ci-dessous la transcription et l’audio, les efforts déployés par les gouvernements mauritanien et sénégalais, dans la facilitation des affaires, les invitant à aller plus loin dans la promotion des partenariats public privé (PPP).
Question : Bienvenue à cette première Edition du Forum Economique Sénégal- Mauritanie. Nous sommes à Dakar et nous avons le plaisir de recevoir sur ce plateau de Financial Afrik Leila Bouamatou. Boujour.
Leila Bouamatou : Aleykoum Salam
Question : Vous êtes la Directrice Général de Générale Banque de Mauritanie (GBM), l’une des principales banques en Mauritanie. Vous êtes la première femme, je dirais mauritanienne et voire même au-delà à être à la tête d’une banque et aujourd’hui vous assistez donc à ce forum, à cette première édition du Forum économique Sénégal Mauritanie. Vous êtes née d’un père mauritanien et d’une mère sénégalaise. Vous avez été classée parmi les 100 profils les plus prometteurs du continent africain. Vous a été aussi lauréate du prix Financial Afrik Awards 2021 de la meilleure banquière. Donc vous participez à ce forum économique Mauritanie-Sénégal quels sont pour vous les opportunités de renforcement de la coopération entre les deux pays.
Leila Bouamatou : Pour le renforcement de la coopération entre la Mauritanie et le Sénégal, je tiens d’emblée à rappeler que la coopération entre les deux pays est fondée sur des socles séculaires d’histoire, de géographie et d’intérêt mutuel. Vous savez que je ne peux que me réjouir du fait que la première visite effectuée à l’étranger par le président sénégalais Bassirou a été Diomaye Faye, après son investiture à la présidence du Sénégal, a été consacrée à la Mauritanie.
L’organisation du présent forum constitue également une heureuse opportunité pour passer en revue de l’état de coopération mais aussi de suggestion de son développement tangible. Je pense essentiellement au potentiel d’intégration économique et de développement que représentent les secteurs de la transition énergétique, de l’agriculture, de la pêche, du commerce, de l’investissement et de la sécurité. A titre d’exemple nous avons aujourd’hui le secteur des hydrocarbures qui est stratégique pour les deux pays avec l’exploitation du Grand gisement gazier GTA (Great Tortue Ahmeyim), qui doit ouvrir la voie à d’énormes avantages économiques et autres. Nous avons aujourd’hui également les accords commerciaux d’investissement entre les deux pays facilitant ainsi le libre échange des biens et des services tout en encourageant des projets communs dans les infrastructures routières, la pêche fluviale. Nous avons aussi les échanges commerciaux.
Quant à l’aspect sécuritaire, aujourd’hui les sécurité est un facteur clé de développement pris en compte par les deux pays surtout dans un contexte sous-régional et continental très particulier Tout fait qu’il y a en tout cas beaucoup d’optimisme de part et d’autre des frontières, puisque le gisement gazier GTA va bientôt entrer en activité donc.
Question : mais sur la coopération qu’elles sont les actions que vous jugez prioritaires entre les deux pays ?
Leila Bouamatou : Vous savez les priorités de coopération sont déterminées d’un côté par les besoins de développement des deux pays et aussi par leur projet commun mis en place pour parvenir à une croissance accélérée et une prospérité collective pour la Mauritanie et le Sénégal. J’estime qu’en addition à la question de l’énergie, de l’eau, de l’agriculture, la promotion des investissements et du commerce, il reste prioritaires aujourd’hui de renforcer le cadre juridique attractif pour les investissements dans ces deux secteurs clés, en passant par la création de zones économiques spéciales. Il y a aussi les avantages fiscaux avec également des infrastructures de qualité, qui permettront non seulement de stimuler le développement mais accélérer ses dimensions technologique et industrielle pour les deux pays.
Concernant les secteurs de la pêche et de l’agriculture, la priorité serait aujourd’hui de renforcer la gestion durable des ressources halieutiques et agricoles. Je pense aussi qu’il sera très important de partager les meilleures pratiques pour améliorer la productivité et préserver les écosystèmes.
Question : Voilà et justement dans ce forum économique Sénégal-Mauritanie qui est à sa première édiction on a vu une forte implication du patronat mauritanien et sénégalais donc du secteur privé est au premier plan. Quels sont les défis à relever pour que cette coopération qui est potentielle soit vraiment du concret soit une réalité.
Leila Bouamatou : Alors je ne vous apprends pas que le secteur privé comme vous le dites est au centre de la transformation économique et la création d’emploi.
Il est certes vrai qu’en face à d’énormes défis communs aujourd’hui que nous rencontrons, nous avons actuellement un accès limité au financement, lequel freine bien sûr l’investissement qui va bloquer à son tour également l’innovation et à la création de nouveaux emplois.
Le deuxième aspect qui est assez important aujourd’hui est le climat des affaires qui peut être parfois difficile et ceci à cause de la bureaucratie qui est assez lourde, des réglementations qui sont assez complexes.
Bien entendu et bien sûr il y a la faiblesse aussi des infrastructures logistiques qui peuvent être très coûteuses, inefficaces et qui freinent bien sûr la croissance. Ceci dit la volonté des deux Chefs d’Etat et l’esprit entrepreneurial du secteur privé mauritano-sénégalais est essentiel pour surmonter ces obstacles.
Et pour avancer je pense qu’il est très important aujourd’hui non seulement de renforcer les capacités institutionnelles mais il va aussi falloir simplifier les procédures administratives c’est-à -dire les assainir. Il va falloir améliorer l’accès au financement à moyen et à long termes pour les grandes entreprises mais aussi à améliorer et faciliter plutôt l’accès au crédit pour les PME et les PMI ainsi que les start-ups et bien entendu il va falloir aussi encourager la collaboration transfrontalière.
Vous savez l’harmonisation des cadres réglementaires et fiscaux ainsi que bien sûr certaines initiatives comme le pont reliant les deux pays facilitera sans doute l’investissement et le commerce entre nos deux nations.
Effectivement je pense qu’il y a une préoccupation du secteur privé tant que la Mauritanie et le Sénégal c’est la promotion des partenariats publics privés.
Question : Est- ce que vous pensez que nos deux Etats font beaucoup sur ce plan ?
Leila Bouamatou : Ecoute, il faut impérativement un cadre prioritaire. Pour cela, il faut admettre surtout, la promotion du Partenariat Public-Privé le PPP et notamment dans les secteurs des infrastructures, de la logistique, de l’énergie et de l’eau. Je pense essentiellement aux projets transfrontaliers communs qui renforceront la la coopération et l’intégration économique comme la production, la productivité ou la production surtout des énergies renouvelables, l’installation de systèmes d’irrigation partagés par exemple. Nous pouvons avoir le développement des centres de distribution régionaux et pour le commerce et l’industrie non le commerce et l’investissement plutôt, je pense qu’il est très important aujourd’hui de simplifier la réglementation douanière, par exemple en mettant en place, disons des guichets uniques aux frontières qui vont faciliter bien sur le traitement des marchandises.
En ce qui concerne aujourd’hui les PME et les PMI je pense qu’il est essentiel de mettre en place des programmes qui seront adaptés pour les accompagner.
Aujourd’hui notre rôle en tant qu’institution financière serait d’accompagner ces institutions financières et aussi de développer des services adéquats adaptés surtout pour les entreprises, les PME et les PMI qui sont dans les zones rurales et frontalières, voilà donc alléger les procédures.
Question : Vous êtes donc la DG de la GBM l’une des principales banques de Mauritanie Votre dernier mot ? Nous sommes à la veille de ce grand forum donc quel est peut être votre souhait en tant que mauritanienne, en tant que sénégalaise ?
Leila Bouamatou : Eh oui je remercie les autorités sénégalaises d’avoir eu cette initiative et pour l’organisation de cet événement qui est extraordinaire.
Je salue d’ailleurs la qualité des participants et des intervenants et qui joueront un rôle clé dans la promotion du partenariat économique gagnant-gagnant fondé sur des valeurs de solidarité, d’échange, de confiance et de partage.
Je suis très heureuse de revenir dans mon second pays le Sénégal le pays de la Téranga et je suis particulièrement fière de porter en moi cette identité mauritanienne et sénégalaise.
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Le FESM organisé en septembre 2024, par le ministère sénégalais des Affaires étrangères en partenariat avec Financial Afrik offrait un cadre d’échange et de partenariat propice au rapprochement des deux pays, rappelle-t-on.
Financial Afrik
Transcrit par Mohamed Mohamed Lemine
mdhademine@yahoo.fr
Vidéo https://youtu.be/bVgpgBzWS6M
Transcrit par Mohamed Mohamed Lemine
mdhademine@yahoo.fr