Cela fait plaisir d'entendre que l'or est devenu une autre façon d'augmenter la richesse du pays, mais cette affirmation soulève des questions légitimes quant à son impact réel sur la vie quotidienne des Mauritaniens. En effet, par quels signes tangibles peut-on affirmer que les citoyens ont véritablement ressenti les bénéfices de cette manne aurifère ? Force est de constater que la réalité sur le terrain semble bien différente des discours optimistes.

La vie des Mauritaniens, loin de s'améliorer, est devenue un véritable calvaire pour beaucoup. Le coût de la vie ne cesse d'augmenter, rendant le quotidien de plus en plus difficile, voire insoutenable pour certains. Cette situation rappelle étrangement celle qui prévalait avec l'exploitation des ressources halieutiques. Avant l'or, il y avait le poisson, une richesse naturelle abondante dont les Mauritaniens n'ont guère profité, ni en termes de consommation directe, ni en termes de retombées économiques. L'expression populaire selon laquelle ils n'en ont "pas senti l'odeur ni mangé les écailles" illustre parfaitement ce sentiment de dépossession.

L'histoire semble se répéter avec l'or. Même si sa production était multipliée par cent, à l'instar de ce qui s'est passé pour le poisson, il est fort à craindre que cela ne change rien à la situation du citoyen lambda. Ce constat amer nourrit un profond scepticisme au sein de la population. Les Mauritaniens, échaudés par les expériences passées, n'attendent plus grand-chose de ce gouvernement.

Cette désillusion s'étend même aux perspectives offertes par l'exploitation du pétrole et du gaz. Malgré les promesses et les attentes suscitées par ces nouvelles ressources, force est de constater que rien n'a fondamentalement changé dans la vie des gens ordinaires. Pire encore, beaucoup craignent que rien ne changera à l'avenir. Cette perception est alimentée par le sentiment que ceux qui gouvernent le pays ne se préoccupent que de leurs intérêts personnels et de ceux de leurs proches. Le reste de la population se sent exclu, marginalisé, comme si elle était "hors jeu" dans le développement de son propre pays.

Cette situation soulève des questions cruciales sur la gouvernance des ressources naturelles en Mauritanie. Comment expliquer ce fossé entre la richesse générée par ces ressources et l'absence d'amélioration du niveau de vie de la population ? Quels mécanismes de redistribution et de développement inclusif pourraient être mis en place pour que les bénéfices de ces richesses profitent réellement à l'ensemble des Mauritaniens ? Sans une refonte profonde des politiques publiques et une véritable volonté de lutter contre les inégalités et la corruption, il est à craindre que l'exploitation de l'or,