31-05-2025 14:24 - Par son leadership, Sidi Ould Tah labellise le passeport mauritanien à l’international

Le Rénovateur Quotidien -
Il est des instants où le destin d’un homme croise celui d’une nation, non comme un hasard, mais comme une nécessité. L’élection éclatante de Sidi Ould Tah à la présidence de la Banque Africaine de Développement n’est pas simplement la reconnaissance d’un parcours individuel : elle est le miroir d’un possible collectif.
Dans cet acte solennel posé par l’Afrique, il y a la célébration d’un esprit – celui de l’excellence, de la rigueur et de la vision – mais aussi l’émergence d’un symbole : celui d’une Mauritanie capable de produire, dans le silence du travail et la dignité de l’engagement, des figures de portée continentale.
Ce que certains verront comme un aboutissement est, en vérité, une initiation. L’ascension de Sidi Ould Tah n’appartient pas qu’à lui ; elle parle à tous. Elle résonne comme une note d’espérance, un rappel que le génie mauritanien ne se limite ni aux cartes ni aux circonstances, et que la grandeur peut naître là où l’on sème la constance.
Mais lorsque s’apaise l’ivresse de la réussite, vient le moment du regard intérieur. Que faisons-nous de nos talents ? Quelle lumière donnons-nous à ceux qui cherchent à percer les ténèbres de la médiocrité et de l’oubli ? La réussite d’un homme ne devrait pas nous dispenser d’une interrogation plus vaste : celle de notre rapport à l’éducation, à l’élite, à l’ambition. Ce n’est pas l’exception qu’il faut admirer, mais le système qui permettrait sa reproduction.
Car l’enseignement n’est pas seulement affaire de savoir, mais d’être. Il ne s’agit plus de transmettre des connaissances figées, mais de cultiver des esprits capables de penser, d’imaginer, de créer. Un peuple ne se transforme pas par accumulation de diplômes, mais par l’élévation de ses aspirations. L’exemple de Sidi Ould Tah nous dit qu’il est possible d’être fidèle à ses racines tout en atteignant les cimes de la gouvernance internationale. Il incarne une synthèse rare : celle de la compétence et de l’intégrité, de l’origine et de l’universalité.
Mais un exemple, si noble soit-il, ne suffit pas. Ce n’est que le début d’un dialogue avec nous-mêmes. Si nous voulons que de telles figures ne soient plus l’exception mais la norme, il nous faut interroger les fondations mêmes de notre regard sur nous-mêmes. Avons-nous foi en notre propre potentiel ? Reconnaissons-nous réellement la valeur, ou nous contentons-nous de l’applaudir quand elle brille ailleurs ?
Notre jeunesse a soif, non seulement de modèles, mais de raisons d’y croire. L’histoire de Sidi Ould Tah doit devenir une boussole : non pour idolâtrer, mais pour inspirer. Elle nous enseigne que le mérite n’est pas une faveur, mais une conquête ; que la grandeur ne se reçoit pas, elle se mérite – dans la solitude du travail et la droiture de l’intention.
Ce moment de consécration est aussi un appel. Un appel à revisiter notre lien avec notre diaspora, riche d’expériences et de compétences souvent laissées en marge. Nul ne devrait être exclu de l’édification nationale pour des raisons d’origine, d’appartenance ou de parcours. Le seul critère légitime demeure le mérite, éclairé par le sens du devoir envers la patrie.
Il est temps de construire un écosystème où les talents mauritaniens, qu’ils soient d’ici ou d’ailleurs, puissent se reconnaître, se rassembler et agir. Le capital humain de notre pays est notre véritable trésor ; encore faut-il apprendre à le voir, à l’honorer, à l’inviter à contribuer.
En devenant président de la BAD, Sidi Ould Tah ouvre une brèche dans l’ordre des possibles. Il ne s’agit pas d’un point final, mais d’un commencement. À nous de suivre ce sillage, non dans l’imitation, mais dans la réinvention. Car si le génie mauritanien peut s’exporter, il est temps qu’il irrigue aussi le sol qui l’a vu naître – pour que le rêve individuel devienne horizon collectif.
Cheikh Tidiane Dia