29-08-2006 17:25 - Réflexion: l’hypocrisie sociale
Réflexion : L’hypocrisie sociale
Elles sont déracinées comme des roses arrachées de leurs plantes. Elles pensent différemment. Elles se croient supérieures, alors qu’elles sont dominées par l’envie de faire ce qui leur semble bon. Elles tissent des relations hasardeuses en vue de réaliser des besoins instinctifs (richesses et pulsions).
Visiblement, elles se veulent religieuses, mais leur attitude est loin de tout ce qui est religieux. Simplement, elles n’arrivent pas à comprendre la religion comme elle est faite réellement. Par des interprétations aberrantes, elles aboutissent à concrétiser des justifications logiques pour les profanes. En effet, la morale de leurs pensées est : profiter et faire profiter leurs alliés. Leur démarche consiste à imposer des lois régies selon des besoins purement irréfléchis et tirer en cas de nécessité leur épingle du jeu en brandissant le drapeau de la morale. Elles vivent dans le paradoxe de laisser aller et de ne rien faire. Qui peut les vaincre ?
Pour les vaincre, il faut avoir l’aptitude de connaître et de ne rien savoir d’une part, et être vigilant et hypocrite d’autre part. Dans ce cas, elles devront comme le stipule le philosophe Danois Kierkegaard : choisir entre la rupture et la continuité d’une relation institutionnelle dépassant le devoir de tout faire et de ne rien faire. Et pour triompher, il est indispensable de rentrer dans le cœur de l’autre et savoir se retirer en toute sécurité (précisément indemne).
D’une manière générale comprendre et ne rien comprendre soulève une vision pertinente qui se manifeste à travers le masque humain. De quoi s’agit-il ?
En fait, notre mode de vie se focalise de plus en plus sur l’image. « Sous l’emprise de celle-ci, on voit surgir un individu narcissique pour qui le monde devient un miroir et non un lieu d’affirmation de sa singularité. Dans un univers où, comme le note
C. Lasch, «la satisfaction de soi-même dépend de l’acceptation et de l’approbation publique », il est normal que « les hommes recherchent l’approbation non de leurs actions mais de leurs attributs personnels la célébrité soudaine et souvent éphémère scande la vie de ceux et celles qui veulent arriver vite et sans efforts. Les accomplissements de quelqu’un deviennent moins importants que sa réputation ou que la publicité qu’on lui fait. A l’heure de la société du spectacle où l’individu doit vendre une image
», certains compatriotes semblent avoir tendance à se prendre pour elle.
Pourtant, en laissant croire à quelqu’un, une chose et faire le contraire de ce qu’on prétend être bien, n’est qu’une façon logique du comportement humain. C’est le masque psychologique. Les préjugés adressés contre une personne «
quelconque » dissimilent ce que l’on appelle le jugement d’une société qui se proclame saine.
En apparence, on se connaît, mais dans le fond on ne sait pas de quoi nous sommes capables.
En effet, « Si les choses pouvaient elles-mêmes s'unir selon leurs affinités, la sincérité irait avec le courage. Et la couardise serait dans le même camp que le mensonge. L'homme sincère est gagnant sur trois plans: i1 inspire confiance, attire l'amitié et impose son respect"» (Imam Ali). Dans cette perspective, les préjugés des autres reflètent rarement la sincérité, car ils se manifestent à travers les masques qui cachent la vraie personnalité.
Quoi qu’on fasse, l’un des masques disparaîtra pour laisser le champ libre à la contrainte externe ou interne. Dans ce cas, on est un saint pour les uns et un diable pour les autres. Ainsi va le monde. On se presse pour concrétiser des buts alors que les choses deviennent claires aux yeux des personnes auxquelles on cache certaines choses. Cela étant, "Prenez garde des hypocrites, car ils s'égarent eux-mêmes, et égarent les autres. Leurs cœurs sont atteints d'infection même si, en apparence ils vous semblent sains."»((Imam Ali).
Et si ces derniers n’arrivent pas à comprendre les actes sincères, la conséquence s’affirmera alors par une faiblesse qui les dépasse et qui détermine le charme de notre existence.
Mohamed Fouad Barrada
Chercheur doctorant en économie à l’EDG
(Université Mohamed V)
Source : La Tribune (Mauritanie)