19-06-2012 20:52 - Propriété littéraire et artistique : Créez, vous êtes protégés !

A petits pas, le projet de loi sur la Propriété littéraire et artistique vient de passer devant l’Assemblée Nationale. Il sera soumis ultérieurement au Sénat. Un projet porté pendant longtemps par le Ministère de la Culture, de la Jeunesse et des Sports.
Celui-ci a fait plancher pendant des jours ses comités techniques et des personnes ressources extérieures sur la revendication des artistes, des écrivains, producteurs de phonogrammes… qui prenaient à cœur leurs œuvres. Un dîner organisé, dans un hôtel de la place, et des questionnaires envoyés à divers acteurs permettront d’élargir et murir les débats.
Ce qui permettra de recueillir un éventail de propositions complétées par plusieurs courriers que le Ministère recevra.C’est là un acte majeur, toujours réitéré auprès du Ministère de la culture, de la jeunesse et des sports. Car s’il est un pays où l’on crée sans se retourner pour voir le fini de sa marque, c’est bien la Mauritanie !
Or si les poètes et les artistes ont toujours servi nos cartes de visites à l’étranger, et égaillé nos nuits douces sous tentes, vérandas ou à l’ombre d’une case, ces ambassadeurs et gardiens de nos temples, us et coutumes, ont rarement un réel profit de leur création. Un énorme fossé subsiste, entre leur génie créateur et la tenue de leur quotidien.
Peu d’artistes vivent de leurs créations ! Au contraire, leur vie s’effrite par des jours sans ressources dans nombre de cas. Avec l’âge, quand la voix s’érode ou le tarissement de l’inspiration. Ou tout simplement quand la roue de l’histoire tourne ! Et dans la plupart des cas ce n’est ni la mort ni la roue qui bute au rocher qui freinent la carrière ou précipitent l’artiste dans l’abyme, mais bien des procédures illégales. Il s’agit de ces complicités tacitement sociétales et entretenues : la duplication ou reproduction illégale des œuvres.
Alors qu’un artiste, homme ou femme, se lisse, racle ou traite sa gorge afin de lui trouver les derniers retranchements de ses cordes pincées, à peine la mélodie est-elle servie dans une cérémonie de mariage, de baptême ou de cour, qu’elle se retrouve sur le marché ! Il s’agit bien entendu de cette piraterie qui se distille dans nos salons, voitures de luxes ou tacots. Ces mélodies qui nous conduisent d’une aire à l’autre se font sans aucun respect pour l’artiste.
Il en va de même pour la création poétique, littéraire et même picturale que des gens sans scrupules reprennent ou s’approprient comme s’il s’agissait de leur propre invention. Sans surprise « la copie » fait le printemps là où la matrice créatrice se dessèche ! Hors mis le dénudement total dans lequel meurent certains artistes ou écrivains, ils arrivent que d’aucuns soient les auditeurs désabusés de leurs propre création !
Et quand dépenaillé, vous vous dressez au beau milieu de la scène, foule, pour revendiquer la paternité de l’œuvre, c’est à peine si on ne raie votre voix passéiste enrouée par la misère.
La loi sur la table députés et sénateurs devrait mettre fin à de telles pratiques. « C’est pour moi une énorme injustice qui sera réparée, confit l’artiste et sénatrice Malouma Mint Meiddah. Nous allons enfin pouvoir protéger, et pourquoi pas vivre de nos créations ».
Un ouff donc. « Il reste que, nuance Bâ Samba Hamady du Demtal Orchestra, que cette loi ne peut avoir de réels impacts qu’accompagnée d’une forte campagne de sensibilisation à travers tous les medias, radios, télévisions, presse écrite. Et qu’on laisse, en cas de faute, la justice faire son travail ».
Idée que corrobore Mohamed Ould Matala, conseiller juridique au Ministère de la Culture, de la Jeunesse et des Sports : « En effet des mesures seront prises, des garde-fous établis. Le Département mènera plusieurs campagnes, auxquelles seront associés les artistes eux-mêmes, pour faire connaître non seulement la loi mais aussi les risques qu’encourent les contrevenants ». Alors, créez, vous serez protégés !
Bios Diallo