Natif de Kermour (Rosso - Trarza), Mamadou Sall a décroché sa maitrise en économie à l’Université de Nouakchott avant de travailler pour le compte de la Société Nationale du Tourisme.

L’occasion pour lui qui côtoyait les touristes, de raconter les histoires de son beau pays. De fil en aiguille il embrassa le métier et se " maria " au conte. De 2000 à 2001, il obtient un Stage sur la pratique du conte en France.

Depuis, il sillonne la France et d’autres pays du monde pour partager les histoires de la Mauritanie. A l’occasion de son spectacle à l’institut Français de Mauritanie intitulé, la cuillère sale ", Mamadou Sall parle de son métier. Interview.

L’Authentique : parlez-nous de votre spectacle " la cuillère sale " ?

Mamadou Sall : c’est un spectacle produit avec un réalisateur en scène français dans une structure dénommée Molière de Pezenance". La cuillère sale " est un spectacle familial qui parle de l’éducation des enfants. Il traite de la manière avec laquelle les adultes gèrent l’éducation de leur progéniture. Il faut dire que parfois aussi les parents ne sont pas à la maison ou sont décédés, ce sont les enfants qui s’occupent du travail. Comment les enfants doivent se comporter par rapport aux autres, respecter la différence des autres. Mais la coquille de l’histoire de la " la cuillère sale " est l’homme de ménage, ou, la femme de ménage, qui sont au bas de l’échelle de la société et qui ne sont pas généralement respectés alors qu’ils ont leur culture et leur valeur à partager. J’ai remarqué que pendant mes voyages dans les pays européens, ce sont des africains qui font le ménage. Ceci aussi est à raconter.

L’Authentique : pourquoi l’on vous surnomme le " piroguier dans le désert " ?

Mamadou Sall : quand je travaillais dans le tourisme, je racontais des histoires sur des dunes de sable des villes de Chinguetti, Wadane entre autres. Je suis originaire du sud de la Mauritanie, du côté du fleuve. J’ai assemblé mes deux personnages. C’est-à dire celui du fleuve, l’homme de la pirogue, à l’homme du désert, au caravanier. J’ai pris l’image de la pirogue et du désert d’où le nom de scène : " le piroguier du désert ".

L’Authentique : quel est l’état de situation du conte en Mauritanie ?

Mamadou Sall : son état est un peu critique mais la Mauritanie est sur le bon chemin. J’ai formé plusieurs jeunes conteurs. L’état du conte est embryonnaire encore. C’est le début. La Mauritanie est une grande société orale qui a des histoires à l’instar des pays africains. Aujourd’hui, les artistes ont une nouvelle façon de raconter le conte mais il reste beaucoup de choses à faire. Le festival de Burkina est l’un des plus grands festivals du conte en Afrique. Les Mauritaniens doivent en profiter pour développer la culture du conte. Pour que le conte fasse du chemin en Mauritanie, il faut que les conteurs mauritaniens partent dans les autres pays ou invitent des conteurs étrangers pour confronter leurs travaux.

L’Authentique : le conte n’est-il pas en voie de disparition ?

Mamadou Sall : le conte était raconté dans les champs, autour d’un feu mais aujourd’hui avec les nouvelles technologies le conte est menacé. Tout l’enseignement africain est basé sur des contes et des devinettes. Pour sortir le conte du gouffre, il faut que les conteurs s’adaptent.

Le conte était menacé en Europe avec l’industrialisation mais aujourd’hui c’est le retour. Chez nous aussi, c’est le même cas. Le conte permet de rapprocher les personnes dont la télévision ou l’internet à éloigner. Les contes véhiculent des messages universels mais ne sont jamais dépassés. En Chili, j’ai raconté des contes qui ont plu à tout le monde. Il faut juste que nous les hommes de lettre ou paroliers puissent l’adapter à chaque période.

Propos recueillis par Cheikh Oumar NDiaye.