12-05-2013 10:05 - Les créations obsédantes de Hussein Haidara [PhotoReportage]
Une exposition de l’artiste Hussein Haidara, à l’Institut Français de Mauritanie (IFM), met en scène des créatures obsédantes. Le spécialiste des arts plastiques, Jany Bourdais, voit dans le travail du lauréat du Salon des arts plastiques mauritaniens 2012 organisé par l’IFM et l’Union des Artistes Peintres de Mauritanie (UAPM) en novembre 2012 à l’Institut français de Mauritanie, du surréalisme.
"Artiste surprenant par sa modernité, ses œuvres ne sont pas sans rappeler celles des surréalistes du XXe siècle ou bien celles de Jérôme Bosch qui était aussi un peintre ancré dans son temps, à cheval entre le Moyen-âge finissant et la Renaissance", éclaire Jany Bourdais.
"Mais si Haidara s'inspire beaucoup des textes sur les civilisations anciennes et des iconographies symboliques de la décadence de Babel, il est avant tout un artiste critique de la condition humaine et surtout de la folie humaine", ajoute le directeur-adjoint de l’Institut Français de Mauritanie (IFM) qui accueille cette exposition jusqu’au 31 mai.
A première vue, les œuvres de Hussein Haidara impressionnent, provoquent des ondes magnétiques, fascinent irrésistiblement les visiteurs. "C’est vraiment fantastique. Il nous sort vraiment de notre monde pour nous entraîner dans un autre monde, son monde à lui. C’est agréable à voir", témoigne Malouma Mint Meidah. "Il y’a de la recherche, de la réflexion et de la créativité", complète Monza.
Aux origines de la création à la réincarnation des âmes en passant par le développement des créatures, Hussein Haidara donne à voir aux visiteurs des "formes et couleurs venus du tréfonds de l'artiste" comme l’explique le Pr. Yehdih Tolba.
"Sur cette œuvre, que certains puristes de l'art figuratif pourraient trouver étrange et dont la violence pourrait heurter les âmes sensibles, la biographie de l'artiste peut apporter un éclairage et donner des clés de lecture", souligne Yehdih Tolba.
Le verdict est sans appel. Dans cette exposition, Hussein Haidara installe le visiteur sur la chaise de l’éternelle dualité du bien et du mal, du bonheur et du malheur, de la lumière et de l’obscurité, met en scène le mal de l’ours qui incarne Dieu de l’optimisme, le mal de la gazelle qui incarne Dieu de la progéniture, la Rhinocéros, déesse de la paix et de la guerre… "On y trouve également de multiples similitudes avec le système traditionnel de divination restitué sur le sable ou évoquant la disposition des cauris qu'on jette par terre", décrit Yehdih Tolba.
"C’est un mauritanien qui a fait ça ?", s’interroge-t-on. Normal, c’est que c’est la première fois, dans l’histoire des arts plastiques en Mauritanie, que l’on voit des œuvres qui décrivent un cheval ayant une corne et une queue de poisson, un homme ayant une tête de monstre, un taureau terrestre avec un corps d’un homme, un paon moitié monstre, un être demi-femme et demi-scorpion, un serpent mythique ayant une corne et deux têtes…
Ce que le visiteur est en train de voir est inspiré par "les fortes valeurs symboliques attachées à la civilisation babylonienne". A l’arrivée, l’on quitte ces œuvres complètement subjugué et obsédé par leur regard pénétrant."Même si la violence qui les caractérise est dérangeante ou choquante, ces œuvres sont une création originale et une certaine expression esthétique affirmée", rappelle Yehdih Tolba.
Babacar Baye Ndiaye