27-09-2013 02:14 - Le portable et ses déconvenues

Il est incontestable que le téléphone mobile a constitué une révolution dans bien des domaines. Il est incontestable qu’il exprime la victoire de l’homme sur l’espace et le temps. Pas besoin de se déplacer pour savoir ce qui se passe à l’autre bout du pays ; à chaque heure on peut informer quelqu’un à temps réel.
Economie de temps ; rapidité et efficacité dans l’action. Ces avantages, entre autres, expliquent le succès jamais démenti du Mobile. Outil de travail, il est le complément indispensable à toute activité professionnelle ; objet convivial, il permet aussi de passer du temps aux jeux ; il permet d’envoyer des messages aux amis (es), de se confier les petits secrets dans une intimité assurée.
Le secret est bien gardé et quand on a un doute, on peut toujours l’effacer. Mais le portable réserve aussi quelques petites déconvenues.
Il arrive parfois, aléas de la vie obligent, de souhaiter ignorer une chose ; un mariage, un baptême, un hôte un peu délicat à gérer à la maison qui vous annonce sa venue imminente…A la minute même vous êtes au courant. Et si vous coupez le téléphone, il y a la messagerie dans laquelle on vous laisse la nouvelle. Ce qui fait que vous n’avez plus aucun alibi.
Avant, la distance permettait d’échapper à bien des situations inconfortables en évoquant l’argument de l’isolement. C’est fini maintenant. D’un autre côté, la familiarisation avec cet instrument permet aussi de remarquer certains inconvénients. Par exemple, pour communiquer, il faut recharger son portable parce qu’il y a une somme en-dessous de laquelle vous êtes coupé du monde.
Et de ce fait la « connexion » coûte chère. Un minimum de 1000 ouguiyas par jour ou par vingt quatre heures pèsent lourd dans les finances à la longue. Surtout que chez nous, on ne se borne pas à l’essentiel au téléphone ; et les tarifications imposées par nos sociétés de téléphonie mobile sont faramineuses au vu du pouvoir d’achat des citoyens.
Pris entre la nécessité de disposer d’un tel outil et le financement qu’exige la charge, le citoyen ne sait plus où donner de la tête. Pour se sortir de cette impasse, les usagers ont répandu l’épidémie du « Bip ».
En un mot, c’est le monde à l’envers : sans argent, vous signalez à votre interlocuteur votre besoin de communiquer avec lui ; en retour, il vous téléphone et vous lui dites vos besoins…à ses propres frais ! Et ce qui est amusant dans la situation c’est que le « bipeur » pense toujours que l’autre a de quoi téléphoner.
Et comme la dèche est générale, on trouve des gens qui se bipent entre eux. Et le message essentiel passe : je n’ai pas le sou pour te téléphoner. Alors celui qui est dans l’urgence se déplace pour rencontrer l’autre et causer, autour d’un thé, de ce qui leur tient à cœur. Chassez la tradition, elle revient au galop.
Amar Fall