14-12-2013 09:29 - Ghali O. Abdel Hamid : Nous ne l’oublierons jamais

Il y a un an, nous quittait Ghali Ould Abdel Hamid. Notre frère, notre ami.
Ghali est parti, nous laissant le souvenir de son sourire désarmant, sa nature entière et ses manières quelques peu carrées ne s’accommodant ni des compromis douteux encore moins de la compromission.
Mais cette séparation définitive, pesante, telle un silence assourdissant, nous rappelle encore et toujours sa présence ; nous renvoie à ces instants de vie où cet homme de principe n’a jamais manqué de courage au point de contourner la montagne du défi ou de s’arrêter devant le mur de l’impossible.
C’est bien pour ces raisons, sans doute, qu’il fit de la défense des droits de l’homme son sacerdoce, ayant depuis Mars 1986, fondé avec d’autres personnes partageant les mêmes motivations, la Ligue Mauritanienne des Droits de l’homme (LMDH) qu’il présidera d’ailleurs jusqu’au seuil de ses derniers jours.
Fidèle aux idéaux qu’il défend corps et âme, loyal et très éloigné des biens de cette terre, Ghali n’a cessé, pendant toute sa vie, de consentir des sacrifices, dans la vie courante, en général, et dans son combat de défenseur intègre et hors pair des droits de l’homme, en particulier.
Des années durant, et dans son souci de voir l’unité nationale renforcée, l’égalité entre citoyens consacrée et la justice administrée à tous et pour tous, il n’hésita pas – et ce à de multiples reprises – de condamner les pratiques de l’Etat mauritanien et le Sénégal, responsables notamment de bien des dérives consécutives aux douloureux évènements de 1989.
Tout comme il n’hésita pas, dans des rencontres internationales, en particulier à Vienne en 1993, à prendre une position ferme et à condamner le régime mauritanien suite aux purges sanglantes au sein de l’armée, en fin 1990 et début 1991 ; ainsi que les exécutions sommaires dont ont été victimes des citoyens de la Vallée.
Universaliste, Ghali se consacra à la promotion des droits de l’homme en Afrique (par la création de l’Union Interafricaine des Droits de l’Homme – UIDH) et dans le Maghreb (par la Déclaration de Nouakchott sur les droits de l’homme).
Dans une Mauritanie actuelle où l’on recherche les repères et l’on fait appel aux référents, peut-on oublier Ghali, cet exemple de probité, ce militant des causes justes, ouvert et tolérant, à la main secourable, qui prônait le consensus et poussait au dialogue ?
Comment ne peut pas demander (que dis-je, exiger) des pouvoirs publics l’institution d’un « Prix Ghali pour les Droits de l’Homme » afin de promouvoir les vertus qu’il a cultivées, toute sa vie durant, et récompenser, post-mortem, le noble combat pour lequel il a vécu ?
Ghali fut un frère pour tous, un ami de tous ceux qui, victimes de l’arbitraire, demandaient justice. Respectueux et respecté, généreux et aux convictions solides, cet homme fut une chance pour la Mauritanie et une fierté pour ses enfants et pour tous les militants des droits de l’homme, d’aujourd’hui et de demain, d’ici et d’ailleurs.
Nous ne l’oublierons jamais. Qu’il repose en paix.
Maître Mine O. Abdoullah
Avocat à la Cour
Président de la LMDH