30-12-2013 13:53 - Piraterie des appels téléphoniques : Un réseau démantelé à Nouakchott

Suite à une plainte de l’Autorité de Régulation, la police mauritanienne a procédé à l’arrestation d’un réseau spécialisé dans la fraude dans le secteur des télécoms. Parmi les personnes arrêtées figurent un citoyen marocain du nom de Karim ainsi qu’un citoyen américain.
D’après les informations qui ont filtré de l’enquête, ce réseau avait installé dans une chambre de l’Hôtel Halima tout un appareillage électronique dont la fameuse SimBox qui a déjà fait tant de dégâts dans d’autres pays africains. Grâce à son matériel le réseau arrivait à transformer les appels internationaux en appels locaux d’où un préjudice énorme aussi bien pour l’Etat que pour l’opérateur. Il semble que le réseau a jusqu’ici réservé son activité à l’opérateur Mattel.
Un Sim box est un boitier électronique qui dispose de plusieurs cartes sim. Il peut gérer jusqu’à un million de minutes par mois.
Ce boitier fonctionne avec un équipement complet de télécommunication comprenant notamment un routeur et une antenne relais communément appelée BTS.
L’équipement que nécessite cette technologie, indiquent les experts, se vend sur le marché en Europe comme n’importe quel article. Utilisé à l’origine par certaines grosses entreprises pour décentraliser certains appels internes via Internet,
Des pays africains comme le Libéria, le Togo, le Ghana, la Côte d’Ivoire et le Congo ont eu à faire face au même type de problèmes. Par la suite, dans ces pays, les opérateurs téléphoniques ont progressivement mis en place des systèmes de tracking et de protection à cause du fléau de la Sim Box qui gangrène l’économie numérique.
Le mode de fonctionnement est tout aussi simple que géniale. Les fraudeurs font apparaître les appels venant de l’étranger comme émis localement grâce au Sim Box. Ce boîtier électronique permet donc de se soustraire aux tarifs de terminaison et aux taxes en vigueur causant ainsi un préjudice énorme pour les sociétés de télécommunication et l’Etat.
En effet, le Sim box transmet les appels par Internet grâce aux IP, un routeur transforme ensuite les données en local et les envoie dans le Sim box qui, à travers ses différentes cartes SIM, les dispatche à son tour automatiquement, grâce à une antenne relais, aux réseaux téléphoniques du pays. Ainsi, vous pouvez recevoir un appel de l’étranger et voir apparaître sur votre téléphone soit un numéro local soit un appel inconnu.
En détournant ces appels entrant grâce au Sim Box, les pirates paient jusqu’à trois fois moins cher puisqu’ils présentent l’appel comme local, causant ainsi un préjudice énorme aux caisses de l’Etat et aux opérateurs télécoms. Des réseaux de pirates via Sim Box ont ainsi pu être démantelés dans plusieurs pays africains et chaque fois des complicités ont été mises à jour au sein des opérateurs ciblés.
Mais au-delà de la fraude simple, il semble qu’un problème d’écoute téléphonique de certaines hautes personnalités est venu se greffer sur celle-ci. Malgrè tous nos efforts nous n’avons pas pu avoir la version de l’Autorité qui comme d’habitude se mure dans un silence coupable. Toujours est il que le gouvernement mauritanien avait instauré, par décret n° 2011-154, une taxe de 0,08€/minute sur les communications téléphoniques internationales entrantes et a chargé l’Autorité de Régulation (ARE) de son application.
Dans ce cadre, l’ARE a lancé un appel d’offre pour s’attacher les services d’un partenaire pour la fourniture, l’installation, la mise en service et de l’exploitation d’un système de contrôle de ce trafic international entrant et de lutte contre la fraude pour une période de quatre ans.
La rémunération de ce partenaire est composée de deux parties : Une rémunération trimestrielle fixe et un prélèvement annuel d’un pourcentage de la quote-part de l’Etat générée par le surplus du trafic résultant notamment du déploiement de la solution de contrôle du trafic international entrant et de lutte contre la fraude.
Une précédente tentative de l’Autorité avait échoué face à la levée de bouclier des opérateurs et de l’opinion qui critiquait la manière dont le marché allait être accordé à une personnalité importante.
BC