29-09-2016 22:30 - Presse privée-Pouvoirs publics : Rien ne va plus !

Presse privée-Pouvoirs publics : Rien ne va plus !

L'Authentique - Entre la presse privée et les pouvoirs publics, rien ne va plus ! Raison de cet état de fait, le traitement que ces derniers réservent depuis quelque mois à la presse indépendante, désormais privée d’une grande partie de la manne financière qui la faisait vivre.

La presse privée mauritanienne se meurt à petits feux depuis quelques mois. En face, le gouvernement semble impassible. Partant, c’est la guéguerre. Tout a commencé en février dernier après que l’Inspection générale de l’Etat ait pris un arrêté mettant fin à « toute subvention, tout abonnement et tout soutien financier qui profitait aux médias et provenant de l’administration publique ».

En effet, c’est à la surprise générale que cet arrêté a été rendu public alors que la Mauritanie venait d’obtenir pour la troisième année consécutive la première place des Nations arabes sur l’indice de la liberté de presse et d’opinion et le traitement que les gouvernants arabes réservent à leurs médias privés.

Pour les journalistes, il s’agissait là d’un acte machiavélique qui visait surtout à « tuer » une presse qui « dérange ». Dépourvue des chapitres précités (abonnements, publicités…) la presse devait en effet compter les jours de vie qui lui restaient.

Bon an mal an, elle a toutefois pris son mal en patience, s’employant à jouer son rôle dans la transmission de l’information et la diffusion voire la dénonciation des « écarts » dans le comportement des dirigeants. Et ce serait surtout pour ces missions qu’elle a connu un tel traitement des pouvoirs publics, selon nombre de journalistes.

En réaction, des initiatives ont été menées auprès du Premier ministre invité à surseoir à l’arrêté de l’IGE. Pour les missionnaires, non seulement, l’IGE n’avait pas les pouvoirs d’un tel arrêté, mais plus, « le droit à l’accompagnement de la presse provient d’une loi votée par le Parlement ».

Lors de cette première entrevue, le Premier ministre qui est resté évasif sur la question, devait promettre une issue à terme. Le temps pour la presse d’organiser des journées de concertation dont la Primature prenait à charge les frais. Les Autorités s’engageaient alors à appliquer immédiatement, toutes les mesures qui seraient prises au terme de ce conclave.

En août 2016, ces concertations furent tenues, comme prévu, consacrées par un mémorandum que la presse présentera au gouvernement. La réponse de l’Autorité se faisant attendre, et la presse souffrant davantage de sa situation, un groupe de journalistes sera commis auprès de la ministre chargée de la communication.

Il s’agissait d’informer la tutelle de la situation davantage dégradée de la presse, levier essentiel de la démocratie. Il s’agissait aussi d’informer la ministre sur des décisions que pourrait prendre la presse, si l’Etat continuait son mutisme face à la situation présente.

En fait, la presse menaçait de rendre public un communiqué dans lequel elle soulignerait le traitement « discriminatoire » qui lui était réservé par le Pouvoir. L’interlocutrice n’ayant pas agi, les journalistes devaient alors s’adresser au Premier ministre. Lequel tout en essayant de dégager sa responsabilité par rapport à l’Arrêté de l’IGE s’engagera à trouver une solution à la situation.

Pour le Premier ministre, les fonds visés par ledit Arrêté, tirés des chapitres des établissements publics -portant sur la publicité, les abonnements, des pourboires et autres consultations,- ont été retirés des établissements cibles et placés dans un compte au Trésor public. Estimés à près de six milliards d’ouguiyas, ils seraient destinés dorénavant à d’autres activités portant notamment sur la lutte contre la pauvreté.

Le Premier ministre révélera ensuite en substance que de ce fonds, la presse bénéficiait annuellement et dans les faits de moins de 500 millions d’ouguiyas, le reste de la manne était utilisé par les responsables publics qui l’utilisaient en grande partie, à des fins personnelles. Pour le Premier ministre, il fallait impérativement revoir la gestion de ce fonds avant de revoir l’arrêté de l’IGE.

En attendant, pour le Premier ministre, la presse pouvait mettre en place la commission d’aide à la presse aux fins d’exploiter les 200 millions d’ouguiyas annuels qui lui sont destinés.

Dans les faits, il s’agissait, pour la presse, d’une mesure échappatoire. Et pour cause, non seulement, la presse, surtout, la presse papier, peinait à exister, mais plus grave, elle ne percevait que des miettes des 200 millions qui lui étaient préalablement – et uniquement- destinés dans le chapitre annuel d’aide à la presse.

Car entre temps, les pouvoirs publics avaient reconnu les sites électroniques comme « outil de presse » et une dizaine de médias audiovisuels étaient reconnues qui profitaient eux aussi, tous, de cette subvention. Il s’agissait aussi de contourner la question parce que le gouvernement n’avait pas respecté son engagement qui consistait à appliquer « immédiatement » les résolutions des journées de concertation de la presse.

Et les éditeurs de presse de se réunir pour dénoncer cet état de fait. En attendant, décision a été prise d’organiser une journée sans presse arrêtée au mercredi 28 septembre. Et décision serait aussi prise de ne pas présenter des représentants dans la commission d’aide à la presse, si des garanties ne sont pas données à terme, pour sauver et sortir d’impasse, les médias privés, plus particulièrement la presse papier.

JOB



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