30-09-2022 15:57 - Editorial - Education : un discours officiel en déphasage avec la réalité

Editorial - Education : un discours officiel en déphasage avec la réalité

Initiatives News - A l’occasion de la Journée de l’Education organisée hier en grande pompe au Palais des Congrès Almourabitoun à Nouakchott, le Président de la République et le ministre de l’éducation nationale ont édifié l’opinion sur les grandes lignes du projet d’école républicaine qui verra cette année un début de concrétisation avec le lancement de la 1ère année du Fondamental au niveau de l’enseignement public.

Dans une brève allocution prononcée pour la circonstance, le président de la République a repris la rhétorique habituelle en parlant de la priorité accordée à l’éducation, de la réforme en vue et des efforts déjà entrepris pour la mise sur pied d’un système éducatif performant.

Le président Ghazouani a qualifié l’année scolaire qui est à nos portes de tournant décisif saluant au passage la contribution appréciable de l’enseignement privé considéré comme un partenaire.

Il a souligné les énormes défis à relever invitant toute la famille scolaire à redoubler d’efforts afin de les relever.

Aucune annonce spéciale donc dans ce discours dans lequel on s’attendait à la révélation de la feuille de route pour la mise en œuvre de la loi d’orientation qui suscite pas mal d’interrogations.

Rien de concret non plus pour les responsables de l’enseignement privé qui s’attendaient à une bouée de sauvetage de la part du président de la République.

Pas d’annonce spéciale non plus du côté du ministre de l’éducation et de la Réforme du Système Éducatif, M. Brahim Vall Ould Mohamed Lemine qui s’est contenté d’énumérer un chapelet de réalisations au cours des trois années écoulés.

40 milliards d’ouguiyas ont été injectés dans le système depuis 2019, nous apprend-il. C’est beaucoup d’argent certes mais ses répercussions sur l’amélioration de la productivité du système laissent à désirer au vu des résultats catastrophiques des élèves aux examens nationaux (BEPC/Baccalauréat).

Le ministre a cependant annoncé certaines mesures générales dont le raccordement du système d’information avec le système national d’état civil pour faciliter l’éducation, la généralisation de l’uniforme scolaire, le développement de l’enseignement numérique et la distribution de plus de trois millions de manuels scolaires.

Pas un mot cependant sur la motivation des enseignants et sur la nouvelle loi d’orientation qui risque de plomber tous les efforts promis.

Le ministre garde peut-être des annonces plus novatrices pour son discours à l’occasion de la rentrée scolaire.

En effet cette loi dont l’objectif noble est de créer une école républicaine basée sur l’équité et l’harmonie constitue à ce jour une véritable pierre d’achoppement.

Elle consacre le retour en force de la langue arabe dans le système éducatif et entretient le flou sur l’enseignement des langues nationales, ce qui n’est pas du goût de certaines franges de la société qui se sentent lésées.

Cette loi d’orientation contient en son sein plusieurs contradictions et certaines de ses dispositions sont tout simplement inapplicables, du moins dans le court terme.

L’article 65 polarise tous les mécontentements. En vertu de cet article : « L’arabe est enseigné à tous les enfants dont ce n’est pas la langue maternelle comme langue de communication et langue d’enseignement. » Et, plus explicite encore : « L’enseignement est dispensé en langue arabe à tous les niveaux d'enseignement et de formation, que ce soit dans les établissements d'enseignement public ou dans les établissements d'enseignement privés. »

Dans ce même article on souligne que : « Au primaire, chaque enfant mauritanien étudie les matières scientifiques dans sa langue maternelle, en tenant compte des contextes locaux et en respectant les exigences de cohésion sociale. »

Comment est-ce possible sachant que cette loi entre en vigueur dans 3 jours. Qu’est-ce qui a été fait pour préparer le terrain. Où sont les enseignants et le matériel didactique en langues nationales ?

N’est-ce pas mettre la charrue avant les bœufs. Et là on risque de tomber dans exactement les mêmes erreurs que celles de la réforme précédente de 1999.

Pourquoi n’a-t-on pas tiré d’abord les leçons de cet énorme fiasco cautionné par les ténors de l’arabisation à outrance au sein du système éducatif avec le résultat qu’on connait.

Cette loi nous ramène deux décennies en arrière. Il s’agit d’une véritable bombe à retardement qu’il conviendrait de désamorcer pendant qu’il est encore temps.

En fait, l’optimisme béat côté officiel tranche nettement avec l’amère réalité sur le terrain.

Bakari Gueye



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Commentaires (4)

  • Kanou_matam (H) 30/09/2022 20:54 X

    Inutile de chercher midi à 14h ! Le marché du travail, du business, des échanges internationaux ne reconnait ni la langue Hassaniya, ni Pular, ni Soninké, ni Wolof. L'Arabe et le Français sont des langues internationales; des langues de travail et de science. Enseigner les langues nationale c'est comme creuser des trous pour les ensevelir ensuite. Ce que les négro-mauritaniens n'ont pas pu arracher par les urnes, ce n'est pas dans le combat des langues vernaculaires qu'ils vont le réaliser. Un enfant peut tout assimiler même le Chinois. Et si demain, le gouvernement décide ne plus rendre l'enseignement de la langue arabe obligatoire, que va-il se passer ? Qui va être favoriser sur le marché du travail: ceux qui sont bilingues ou trilingue, ou bien ceux qui ne parlent que le français ? That is the question ?

  • mdmdlemine (H) 30/09/2022 18:35 X

    La rentrée scolaire fixé officiellement au lundi 3 octobre prochain est un exemple parfait de l'improvisation des décisions gouvernementales Alors que les populations se trouvent au terroir en attendant de fêter El Maouloud avec leurs grands parents, que les pluies renflouent les écoles des sans abris, le nouveau ministre a sauté sur la première occasion qui lui est offerte pour charmer le président et marquer de son empreinte son passage sur le Département, qui se trouve confronté à d'énormes défis auxquels l'improvisation n'est pas le bon remède Il fallait au plutôt ouvrir les classes le 17 octobre, le temps de ne pas casser l'ambiance entre enfants et terroir et de préparer au maximum les ressources matérielles et morales pour une bonne rentrée scolaire Je commence à douter que le départ furtif de Soko serait sa prise de conscience parfaite que l'ouverture des classes avant la fête du Maouloud serait un fiasco pour quelque de chevronné qui vient comme le dit le pertinent éditorialiste Bakary de recevoir une patata chaude

  • Ya-Biladi (H) 30/09/2022 17:30 X

    Mr Gueye, votre contribution dans l’éducation pour sa bonne marche n’est plus à démontrer, mais malheureusement pour nos cadres dans ce domaine et d’autres qui ne savent ni lire ni écrire, ils ne font rien pour comprendre ce qui se passe hors de leur carré raciste et fermer à la manière Sud-Africaine comme le dit Biram. L’échec de Ghazouani est de prendre les barbues, les chevelues avec leurs chiffons comme conseiller. Ghazouani doit savoir que l’ensemble de son entourage cherche son échec.

  • Ya-Biladi (H) 30/09/2022 17:27 X

    La patate chaude tendue à l’ancien ministre qui a préfère déposer le produit mal préparé chez les ségrégationnistes, il a fait le choix de dire non et d’éviter l’échec. La question que se posent beaucoup de mauritaniens est de savoir comment le haut conseil de l’éducation est arrivé à proposer des lois à la place de l’Assemblée Nationale et le gouvernement, les racistes de ce pays feront tout pour bloquer l’avancement des noirs, mais cette démarche va échouer comme les autres.