29-11-2024 16:38 - Le Président Mohamed Ould Maouloud, dans l'émission 100j du gouvernement O Ejay, le dimanche 24/11/2024 à la chaîne TTV.

Le Président Mohamed Ould Maouloud, dans l'émission 100j du gouvernement O Ejay, le dimanche 24/11/2024 à la chaîne TTV.

UFP - ---Première intervention :

" " Je ne trouve pas pertinent de se limiter à la prestation du PM qui ne fait qu'exécuter les instructions et orientations du Président de la République. Il faut juger plutôt les 100 jours du nouveau mandat présidentiel. S'engage-t-il dans une voie nouvelle ou se maintient-il dans le sillage du précédent?

" " Le premier mandat s'est distingué par les promesses, l'improvisation, la gabegie et l'impunité des coupables, le peu de cas accordé aux questions sensibles, comme l'unité nationale, le dialogue et la normalisation de la scène politique, l'insécurité et la drogue, la détérioration des conditions de vie des populations ( la hausse des prix, le chômage, l'enseignement, la santé).

" " Que nous apprennent les 100 jours du nouveau mandat par rapport au précédent? Voyons les problèmes posés dans ce laps de temps.

"" Par rapport à la hausse des prix, le pouvoir a repris le même procédé qui avait déjà échoué en septembre 2021 à savoir la fixation formelle et très médiatisée des prix mais sans suite significative au lieu de la méthode habituelle en la matière de soutien des prix des produits de première nécessité. Ce n'est pas faute de pouvoir le faire mais parce qu'il accepte de se soumettre aux consignes du FMI. Voilà la vérité qu'il n'ose pas révéler.

"" Deuxième grand problème posé, les inondations de la Vallée. La réaction est toute faite d'improvisation. Pourtant l'OMVS avait alerté les gouvernements dès fin août sur le risque d'inondation, et dès le 6 septembre précisé l'ampleur et même fourni par la suite les cartes des zones et villages menacés.

Au lieu d'anticiper et prendre les mesures de protection nécessaires, aucune réaction côté mauritanien. Au moins au Sénégal on tint un Conseil des ministres consacré au sujet. Les autorités mauritaniennes n'intervinrent dans l'improvisation qu'une fois les villages de la rive droite sous l'eau. Le médecin après la mort.

"" Dans ces 100 jours s'est posé aussi la crise de l'école républicaine. L'idée est bonne et nous l'avons soutenue. Mais sa mise en oeuvre a été marquée par l'improvisation, la précipitation pour une exploitation politicienne.

Au lieu de la grande attention à accorder aux mesures préparatoires pour une question de cette importance. Par exemple, avant d'interdire l'enseignement primaire dans les écoles privées avait-on estimé le nombre de classes et d'enseignants nécessaires pour accueillir leurs élèves dans l'école publique.

Conséquence: les classes de celle-ci sont aujourd'hui pléthoriques , jusqu'à plus de cent élèves; ce qui ne permet aucun enseignement de qualité acceptable. La carte de l'école publique n'a pas été revue, de sorte que parfois des parents sont obligés de conduire très loin de leur domicile leurs petits enfants. Voilà une belle idée qui va être compromise et détestée à cause de l'improvisation et de la mauvaise gestion et même sabotée par les passe-droits ( au profit de certaines écoles privées).

"" Quant à la santé, il suffit de se référer à la grève des internes qui a duré des mois sans que le pouvoir apporte une solution satisfaisante.

"" Pour ce qui est de l'insécurité, dans de nombreux quartiers de Nouakchott, il est devenu dangereux de sortir la nuit, les agressions sont quotidiennes. En l'absence de toute stratégie, il est impossible d'arrêter le phénomène.

Ce n'est pas une question de nombre de policiers. Si on laisse le champ libre à la drogue, elle va entraîner de plus en plus d'enfants et de jeunes à commettre des crimes. Or le champ est libre pour le commerce de la drogue en Mauritanie. Et le pouvoir n'ose dire mot sur le sujet ( pour des raisons inconnues), même lorsqu'il s'est imposé comme sujet d'actualité ces derniers temps. Pourtant aujourd'hui, il est devenu le danger principal pour le pays.

"" Le chômage des jeunes. Les jeunes ne voient plus comme issue que l'émigration. Et durant ces 100 jours rien n'est venu leur apporter l'espoir dans une autre voie.

"" La normalisation de la scène politique. On le sait la politique est la clé de tout. C'est la politique qui construit les pays et c'est elle qui les détruit. Or la scène politique est en crise depuis longtemps. L'espoir de la normaliser par un dialogue annoncé comme " sans exclusive par ses thèmes et ses participants ( en 2022), a été déçu. Par la suite l'accord politique signé au Ministère de l'intérieur par toute la classe politique restera lettre morte. Il en sera de même de l'accord signé dit " Pacte Républicain" ( en 2023).

C'est dire combien le pouvoir prend à la légère l'opposition et la question du dialogue. Il croit pouvoir continuer à endormir celle-ci par la promesse d'un dialogue ou des discussion sans suite. On se rappelle le forum organisé, à la veille de la dernière élection présidentielle où tous les partis ont formulé des propositions tombées dans le vide.

Le discours du PM ne témoigne d'aucun intérêt pour le crise politique silencieuse qui caractérise la scène nationale. Même la simple préparation du dialogue n'est pas programmée parmi les tâches prévues pour les derniers mois de l'année.

"" Quant au sujet de l'unité nationale, question la plus importante entre toutes, rien de nouveau. Or la situation préoccupante dans les rapports intercommunautaires. Les composantes négro-africaines ont aujourd'hui le sentiment d'être exclues du pays.

Ce que traduit parfois leur quasi absence dans les tableaux des cérémonies officielles. Cela est en effet choquant dans nombre de manifestations nationale. Peu représentés dans les hautes fonctions de l'Etat. Il ne s'agit pas d'instaurer des quotas à la libanaise.

Mais il n'est pas admissible de marginaliser ces communautés. Or le pouvoir actuel persiste dans la même conduite, ce qui est parfois ressenti par les communautés négro-africaines comme une provocation. A cela s'ajoute le non règlement du passif humanitaire. Certes des tractations sont en cours secrètement, mais ce n'est pas le secret qui convient à ce type de question. La recherche de solution doit être publique pour permettre à ceux qui peuvent aider d'aider et au moins de cautionner le règlement convenu.

"" Même si le traitement des séquelles de l'esclavage prend du temps, il n'est pas admissible que l'on continue en 2024 à parler de la persistance de pratiques esclavagistes. C'est une honte. Le pouvoir n'est pas le seul responsable. Mais selon les discours du PM, le sujet ne semble pas figurer parmi ses préoccupations. Rien n'est prévu sur ce plan.

"" Ces questions relatives à l'unité nationale devaient avoir la priorité sur tout, prendre le pas sur les prétendues " réalisations " et autres inaugurations.

"" D'ailleurs les inaugurations actuelles ne sont pas à mettre au compte des 100 jours. Puisqu' elles concernent des réalisations du mandat précédent. Exemple l'hôpital des spécialités, inauguré depuis peu.

"" En somme, le problème du pays, c'est le régime qui le gouverne. Il est incapable de changer lui-même ou de régler quoi que ce soit. Parce qu'il est à la merci de lobbies capables d'empêcher quiconque, même Omar Ibn ElKattab, de gérer correctement les affaires du pays. Que des décisions bonnes soient prises, ils les mettront en échec.

Le système clientéliste dominant au sein de l'État vient renforcer leur action. Ainsi le coupable de malversation ne peut être sanctionné puisque le soutien de son groupe est sollicité, et si par extraordinaire il est sanctionné, ce sera pour peu de temps avant d'être réhabilité par une nomination. C'est pourquoi le pouvoir actuel est incapable de combattre la gabegie.

"" Le temps est venu de se parler franchement. Nous suivons des voies divergentes. Il y a d'un côté le pouvoir qui a sa propre voie, qui a perdu la confiance du peuple et qui est incapable de réaliser le changement devenu impératif et réclamé par tout le monde. Et de l'autre des forces ( d'opposition) qui prétendent apporter ce changement. Nous avons besoin de résoudre cette contradiction pacifiquement.

"" Premièrement en se mettant d'accord sur les règles garantissant un jeu électoral honnête et transparent qui rende possible l'alternance démocratique. Chaque partie a son programme et c'est au peuple de trancher et de choisir.

Comme au Sénégal. Deuxièmement, pour garantir les conditions d'un passage pacifique, les grandes questions, unité nationale et sécurité publique, défis extérieurs, enseignement etc, doivent être soustraites du champ des tiraillements politiciens et faire l'objet d'un consensus entre tous les acteurs nationaux. C'est sur ces deux thèmes que doit porter un dialogue, appelé à résoudre le contentieux politique national sur la base de la volonté populaire.

"" Continuer sur la voie de l'accaparement de l'État, de ses ressources, du système électoral et faire croire qu'il s'agit de démocratie, ne trompe plus personne. ""

---Deuxième intervention en réponse aux propos de certains participants :

"' Prétendre que les seuls remèdes aux difficultés économiques actuelles sont ceux préconisés et entrepris par le gouvernement n'est pas juste. Et avant tout il y a lieu de prendre en considération que certaines de nos populations sont confrontées à une crise de survie.

La gravité de la détérioration du pouvoir d'achat rend les prix inaccessibles même aux fonctionnaires petits et moyens. Et que dire de ceux qui n'ont pas de revenus, menacés de malnutrition voire de famine? A situation exceptionnelle il faut des solutions exceptionnelles. Le gouvernement ne doit pas se soumettre aux directives du FMI.

Rappelons-nous ses fameuses réformes structurelles imposées aux pays du Sud, l'opinion technocratique qui les justifiait doctement et au final les dégâts déstabilisateurs qu'elles ont provoqués. La survie de nos populations passent avant les règles du libéralisme et ses lois du marché. Il faut rendre les prix accessibles au pouvoir d'achat de la majorité.

Peut-on laisser les gens mourir de faim au nom de la loi du marché ? Il peut donc arriver que dans de telles conditions, l'Etat trouve obligé non seulement de subventionner les produits de première nécessité, mais même d'en distribuer gratuitement. Le pouvoir actuel ne semble pas bien mesurer la gravité des conditions de vie de nos populations.

"" C'est l'élevage et de l'agriculture qui occupe la plus grande partie de nos populations. Pourquoi le pouvoir ne consacre pas des investissements importants pour freiner l'exode rural qui est entrain de faire écrouler ces secteurs et en même temps de soumettre Nouakchott à une explosion démographique qui rend impossible de contenir, entre autres, la pression sur les services sociaux . "" Le gouvernement vient de consacrer un important investissement pour la ville de Nouakchott.

Pourquoi ne fait-il pas de même pour sauver notre secteur pastoral aujourd'hui menacé de ruine par l'insécurité qui prévaut dans ses zones de transhumance habituelles au Mali. Pour offrir une solution de rechange à la transhumance au Mali, faute de quoi la destruction de cette richesse serait inévitable.

"" Où est donc ce dynamisme nouveau de l'action gouvernementale que vous évoquez ? qui ne prévoit rien sur une crise qui peut avoir des conséquences plus grave que la rupture avec le Sénégal en 1989?

"" Et par rapport à la catastrophe des inondations? Le gouvernement en sus de parer au plus pressé aurait pu déclarer la zone du fleuve "zone sinistrée" pour provoquer une mobilisation nationale comme pour Tintane et mettre la communauté internationale à contribution comme il est de droit dans de telles circonstances.

"" La gabegie et le manque de transparence dans les marchés publics a pour conséquence des réalisations coûteuses, mal faites et souvent à reprendre ou a réparer. Il semble que les marchés publics ne sont attribués qu'à un cercle restreint et que les plupart des hommes d'affaires se considèrent exclus depuis l'avènement de ce pouvoir, à la différence du précédent qui ne les avait pas en odeur de sainteté mais laissait parfois échapper quelques miettes.

"" Que signifie pour nous la normalisation de la scène politique ? Il y a bien un crise politique mais elle est silencieuse et susceptible d'exploser. Cela a faillit être le cas après les dernières élections, n'était-ce le souci pacifiste de l'opposition.

Comment peut on nier l'existence de cette crise alors que le pouvoir a dû recourir, lors des dernières élections, à la coupure d'Internet et que des manifestants ont été tués ? Normaliser la scène c'est régler les contentieux politiques majeurs pour que la compétition entre opposition et pouvoir se déroule selon des règles consensuelles et transparentes.

Or le système politique n'est pas normal. L'Etat a son candidat qui dispose de ses moyens et impose aux hommes d'affaires de se ranger derrière lui. Or la transparence des élections ne se juge pas seulement par ce qui se passe dans le bureau de vote. Ce qui se passe en amont est déterminant .

Lorsque l'électeur n'est pas libre dans son choix soumis qu'il est à la pression de l'Etat et de l'argent de la corruption, l'élection ne peut être qualifiée de transparente. Or l'intérêt du jeu démocratique est d'instaurer des règles du jeu acceptables par tous et de canaliser ainsi pacifiquement les contentieux entre acteurs politiques pour donner le dernier mot au vote populaire.

"" La politique du pouvoir ne nous engage pas. Nous la rejetons comme nous le rejetons lui-même . Notre objectif est de le remplacer. Mais par l'alternance pacifique. Voie qu'il rend pour le moment impraticable. Notre pays doit choisir entre deux options : celle du Soudan où un régime semi- militaire et semi- démocratique, qui se croyait éternel, fut renversé par une insurrection populaire.

Malheureusement, elle a ouvert la voie à un coup d'Etat militaire et à l'anarchie armée qui s'ensuivit. La seconde option, celle du Sénégal où l'élite politique dominante a eu l'intelligence d'accepter de jouer le jeu de la transparence et de rendre possible l'alternance pacifique.

De sorte que l'ancienne équipe au pouvoir a été entièrement écartée au profit d'une opposition radicale qui devra faire ses preuves et à terme, soumettre son bilan au verdict populaire. C'est cette seconde voie que nous souhaitons pour notre pays pour lui garantir la stabilité et la paix. Malheureusement elle encore barrée.

"" Quant au dialogue ( rappelle que le pouvoir est signataire du Pacte républicain, comme il est signataire de l'accord politique précédent les élections de 2023 et resté sans suite.) A quoi servirait un nouveau dialogue s'il doit connaître le même sort.

"" Rien de nouveau dans l'évocation de la question du dialogue par le PM. Il a répété la même formule du Président lors de son investiture : " un dialogue qui n'exclut aucun sujet ni aucun acteur" . Et le porte-parole l'a reprise cette semaine. On s'attendait à autre chose. Qu'en cette fin d'année on engage au moins les préparatifs dudit dialogue. Mais visiblement la question n'est pas prise au sérieux et le dialogue renvoyé à 2025 et peut-être au delà.""



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Source : UFP
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