25-01-2025 21:00 - MAURITANIE : Encore, la persécution d’un leader antiesclavagiste | Note d’information, janvier 2025

MAURITANIE : Encore, la persécution d’un leader antiesclavagiste | Note d’information, janvier 2025

1. Quelques mois après son limogeage de la fonction publique et une détention de quelques semaines, l’ancien inspecteur des finances, Ahmed Samba Abdellahi revient en prison, au grief d’un délit d’opinion. Rédacteur d’une publication sur Facebook en date du 15 janvier, il dénonce, comme des centaines d’opposants et de blogueurs, l’impunité de la corruption et les discriminations à l’endroit des descendants d’esclaves (Hratine) : https://www.facebook.com/share/p/18Fxve9zCG/

2. Dès le lendemain, il sera interpelé, par la gendarmerie nationale, à domicile. Maintenu au secret, sa famille et son avocat n’ont pu lui rendre visite, jusqu’à l’exécution du mandat de dépôt, le 22 du même mois, à la prison civile de Nouakchott, capitale de la Mauritanie.

L’établissement carcéral accueille, en priorité, des délinquants et récidivistes de droit commun.

3. A ce jour, aucune inculpation pénale n’est opposée au susdit. A l’occasion de sa première arrestation en octobre passé, nous résumions les circonstances de l’acharnement qui le vise, au même titre que de nombreux autres dissidents et activistes promoteurs de la dignité de la personne : « Durant la dernière semaine du mois de septembre 2024, des audios attribués à Ahmed Ould Samba, circulent sur les plateformes de messagerie instantanée. L’auteur s’y livre à une critique en règle de la gouvernance du moment, notamment du point de vue des inégalités au sein de la fonction publique, dysfonctionnement dû, selon lui, à la banalisation des privilèges de naissance » : https://cridem.org/C_Info.php?article=778590

4. Le substrat du litige n’a pas varié depuis, sa substance étant consubstantielle à l’hégémonie ethnique. Quoique la réalité du pouvoir y atteste d’un quasi-monopole des tribus arabo-berbères sur l’Etat, l’économie, les forces de sécurité, la justice et la religion, la dénonciation du racisme et de l’esclavage en Mauritanie relève, de facto, selon les autorités du pays, de l’appel à la haine, d’où la récurrence des actes d’intimidation contre les défenseurs de la citoyenneté pour tous.

5. Le harcèlement dont est victime Ahmed Samba Abdellahi procède de la volonté, au sommet de l’Exécutif, de briser la revendication du renouveau démocratique et de retarder l’avènement d’une gouvernance par la redevabilité et la reddition des comptes. Le châtiment à lui infligé recèle la vertu pédagogique de la dissuasion. Il s’agit, ici, de décourager l’éveil des consciences, du moins de le maintenir à un niveau supportable-tolérable, selon les critères du système de domination.

6. Le détenu risque de succomber aux mauvais traitements et à l’isolement, sans exclure l’atteinte à son intégrité physique, de la part de délinquants sous le coup d’une peine de réclusion criminelle. Son intégrité est en danger, dans un contexte de bavures raciales.

Initiative de résurgence abolitionniste en Mauritanie (Ira-M)

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Commentaires (3)

  • Newsmaurit (H) 25/01/2025 22:21 X

    Il est crucial d'éliminer la corruption et le détournement des fonds publics qui minent notre société. Néanmoins, certains individus, tels que Biram et ses pairs, cherchent à détourner l'attention en invoquant des allégations de racisme et en tenant des discours agressifs envers une figure politique omniprésente mais absente. Cette tactique vise à créer un bouc émissaire, occultant ainsi les véritables problèmes de corruption. Elle suggère que seul l'orateur est responsable de la situation actuelle. Ahmed Samba devient alors une cible privilégiée, tandis que Biram Dah Abeid n'attire plus l'attention des médias et des groupes anticorruption. Le racisme est instrumentalisé comme méthode de travail, et quiconque ose le dénoncer est accusé de provocation.

  • Newsmaurit (H) 25/01/2025 22:18 X

    Cette situation évoque les années 2017 et 2018, lors du dernier mandat d'Aziz, où l'attention était principalement portée sur la répression des militants antiesclavagistes et des politiciens, qu'ils soient partisans ou opposants, qui affirmaient qu'Aziz ne briguerait pas un troisième mandat. L'objectif était d'occuper l'espace médiatique, permettant ainsi à Aziz et son entourage de piller les caisses de l'État et de détourner autant de fonds que possible, sans se préoccuper des conséquences. Durant cette période, les tenants du système ont élaboré des stratégies pour faciliter l'enrichissement illicite d'Aziz et de sa famille.

  • Newsmaurit (H) 25/01/2025 22:17 X

    La situation se répète avec Ghazouani, qui achève son dernier mandat. Ils cherchent à détourner l'attention des problèmes de corruption et de concussion en mettant l'accent sur les droits de l'homme et la sécurité. Leurs objectifs sont d'éviter les questions sur les détournements de fonds et les secteurs en difficulté, notamment dans le domaine énergétique, en s'appuyant sur les revenus pétroliers et gaziers. Il est probable que Ghazouani soit actuellement préoccupé, conscient qu'il approche de la fin de son mandat et que la situation risque de se dégrader. Quoi qu'il arrive, il pourrait être accusé de mauvaise gestion économique.