08-04-2025 21:35 - Mauritanie : la stratégie énergétique et minière soutenue par la Banque mondiale

Classe Export -- Le programme cadre DREAM cible le développement des renouvelables, de l’hydrogène et des ressources minérales. Il est doté de 82,6 millions de dollars.
À l’étude depuis plusieurs années par la Banque mondiale et les pouvoirs publics mauritaniens, le Projet de développement des ressources énergétiques et d’appui au secteur minier (DREAM) va pouvoir entrer en phase active. Ceci après son approbation par l’institution de Washington le 27 mars dernier.
Doté d’une enveloppe de 82,6 millions de dollars financée par un prêt de l’IDA (Banque mondiale) à l’État via le ministère de l’Économie, le programme, qui court jusqu’en 2030 pour sa phase 1, sera mis en œuvre par le ministère de l’Énergie, dont le titulaire est Mohamed Ould Khaled, et la Somelec, la société électrique publique.
L’objectif est de mieux cerner le potentiel des secteurs clés des énergies renouvelables, de l’hydrogène et des mines en vue de soutenir leur croissance et, à moyen terme, l’économie du pays présidé par Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani. Il s’agit de préfigurer la mise en œuvre de projets dans ces trois secteurs et d’appuyer l’action de l’État et des parties prenantes pour leur mise en œuvre.
L’idée est aussi pour la Banque mondiale d’associer divers partenaires à ce vaste programme, que ce soit en assistance technique ou en source de financement, à commencer par sa filiale spécialisée dans le secteur privé, la Société financière internationale (IFC).
Parmi ces partenaires figurent l’agence de coopération allemande GIZ, l’Union européenne, l’AFD qui aideront à mobiliser financements et expertises.
La préparation du projet DREAM a reçu le soutien du Programme d’assistance à la gestion du secteur énergétique (ESMAP), du Mécanisme de conseil en infrastructures publiques-privées (PPIAF) et du Mécanisme de partenariat coréen de la Banque mondiale (KWPF).
À noter qu’un important recours à des consultants privés mauritaniens ou internationaux est prévu tout au long du programme. Concernant les domaines cibles, DREAM va notamment soutenir la mise en œuvre de son Code de l’hydrogène, adopté mi-2024, un texte pionnier sur le continent africain.
Le programme financé par la Banque mondiale doit contribuer à établir l’agence de l’hydrogène, à élaborer des réglementations d’application, à promouvoir des normes environnementales et sociales et à attirer des investissements privés. Après des annonces en série ces dernières années, les méga-projets dans l’hydrogène dans le pays (Chariot, CWP, Infinity Power-Conjuncta, GreenGo…) semblent marquer le pas quant à leur mise en œuvre, d’où l’importance de ce soutien.
Parmi ses composantes, le programme DREAM vise aussi à créer les conditions de l’installation d’infrastructures de stockage par batterie à grande échelle. Cette technologie doit permettre de stabiliser l’approvisionnement en électricité d’origine solaire et éolienne dans ce pays doté d’un ensoleillement particulièrement favorable (2 000 à 2 300 kWh/m2) et d’un régime de vents côtiers puissants qu’apportent les alizés.
Selon les experts de la Banque mondiale, le stockage est un des moyens d’atteindre l’objectif en 2030 d’accès universel à l’électricité dans le pays, dans la ligne de la stratégie multilatérale africaine Mission 300.
Plus largement, DREAM va appuyer le gouvernement dans la mise en œuvre de sa stratégie électrique en s’appuyant sur le secteur privé et une loi récente qui encadre la production indépendante (IPP), ceci dans un contexte où la Somelec est confrontée à des difficultés récurrentes de financement.
Enfin, le troisième pilier du programme cible le secteur minier, pilier historique de l’économie mauritanienne à travers le minerai de fer (14,3 millions de tonnes produites en 2024 par la SNIM) et les minerais critiques (cuivre, or…).
DREAM financera des études géologiques pour identifier de nouvelles ressources et explorer les voies pour intégrer l’hydrogène vert dans les filières minières et métallurgiques, avec, par exemple, la production d’acier décarboné.