13-04-2025 20:01 - Déclaration de l'AJD/MR sur l'appel au dialogue initié par le régime

Après avoir mis en échec deux dialogues qu’il a lui-même initiés, le régime
de Ghazouani agite à nouveau la perspective d’une rencontre avec l’opposition
pour discuter des problèmes du pays. Comme à l’accoutumée pour
l’opposition, sa vie politique semble hélas rythmée par l’agenda du pouvoir.
Elle s’agite à nouveau pour savoir s’il faut y répondre positivement ou non.
Jusque-là l’AJD/MR, lancée dans une initiative de réunir l’opposition autour
d’un dialogue interne que nous avons toujours appelé de nos vœux, s’est
gardée de rendre publique sa position sur l’appel au dialogue du pouvoir,
espérant qu’il se dégagerait une démarche commune avec les autres
partenaires de l’opposition.
De ce point de vue, les discussions se poursuivent
et nous en sommes toujours pleinement partie prenante. Mais au regard des
positions déjà exprimées par les uns et les autres, il ne nous est plus possible
de demeurer dans l’expectative.
Nous saisissons donc l’occasion de cette
déclaration pour faire connaitre notre vision de ce que doit être un dialogue et
les préalables qui nous apparaissent incontournables.
En premier lieu, la sincérité d’un appel au dialogue se mesure à l’aune de
l’identification claire de son initiateur. Si l’initiative vient du président de la
république, alors il est important qu’il le déclare solennellement. Cela aurait
le mérite d’indiquer clairement qu’il se sent engagé par les conclusions
éventuelles qui s’en dégagent.
Le président de la république s’engagerait publiquement à appliquer les points
d’entente issus du dialogue qu’il a lui-même initié.
Par ailleurs, l’AJD-MR ne peut s’empêcher de constater que toutes les fois où
le pouvoir a appelé au dialogue, il s’est illustré en amont par une fuite en
avant. Ainsi, quel sens peut-il y avoir à voter au sujet des partis politiques une
loi anti-démocratique dans son principe, scélérate et irréaliste dans sa
déclinaison opérationnelle, et ce juste avant un dialogue qu’on a soi-même
voulu ?
La même question de sens et de cohérence se pose quant à la loi
d’orientation sur l’éducation également votée juste avant un appel au dialogue
par le pouvoir ? Cela nous éclaire sur la volonté de nos gouvernants à engager
un vrai dialogue avec l’opposition.
Ainsi l’AJD-MR, tout en réitérant sa vocation naturelle de parti politique Ã
dialoguer avec le pouvoir, n’entend pas dévoyer le principe même du dialogue
et trahir sa ligne politique pour se rendre complice de ce qui ressemble déjà Ã
une opération cosmétique.
Nous appelons nos partenaires de l’opposition à la
vigilance et à la lucidité, pour déterminer une position commune autour de
préalables sans lesquels le dialogue ainsi envisagé risque de ressembler à tous
les autres : un écran de fumée qui permet encore une fois au pouvoir de jouer
avec notre intelligence. Si le président de la république veut donner Ã
l’opposition et partant à l’AJD-MR, un gage de sa bonne foi, il doit
immédiatement prendre les mesures suivantes pour favoriser la participation
au dialogue :
• L’officialisation des langues nationales
• L’abrogation de la loi sur les partis
• L’abrogation de la loi d’orientation sur l’éducation nationale
Il s’agit là de conditions préalables à notre participation au dialogue
national. Et pour que ce dialogue s’amorce de la meilleure des manières, il
nous parait tout aussi impératif que l’opposition exige d’être associée dès le
départ à la définition des points à inscrire à l’ordre du jour. Tout comme elle
doit exiger du gouvernement qu’il s’engage à mettre en œuvre les conclusions
convenues dans le cadre du dialogue.
La Cellule de Communication
Fait à Nouakchott, le 13 Avril 2025