17-04-2025 22:17 - Présidentielle en Côte d'Ivoire : Tidjane Thiam sera le candidat du principal parti d'opposition

France24 - Malgré une polémique sur sa nationalité qui pourrait le fragiliser dans la course à la présidence, Tidjane Thiam a été élu par les militants du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) candidat du principal parti d'opposition pour le scrutin du 25 octobre. Plébiscité pour son expérience internationale, cet ancien ministre a passé plus de 20 ans à l'étranger à la tête de grandes entreprises financières.
L'ancien ministre et banquier international Tidjane Thiam a été élu, jeudi 17 avril, candidat du principal parti d'opposition pour la présidentielle du 25 octobre en Côte d'Ivoire, lors d'une convention à laquelle il était le seul à se présenter.
Cependant, tout n'est pas gagné pour autant pour Tidjane Thiam, 62 ans, actuellement hors du pays.
À six mois du scrutin dans le pays le plus riche de l'Afrique de l'ouest francophone, des tensions secouent le paysage politique, notamment liées à l'inéligibilité de trois opposants, dont l'ancien président Laurent Gbagbo.
De son côté, le président Alassane Ouattara, 83 ans, n'a pas indiqué s'il comptait ou non briguer un quatrième mandat mais s'est dit en janvier "désireux de continuer à servir son pays".
Tidjane Thiam a obtenu 99,50 % des voix exprimées, soit 5 321, avec un taux de participation de 93,17 %, selon les résultats globaux provisoires. À l'annonce des résultats, la centaine de militants a scandé "Titi président", le surnom de leur champion, avant d'entonner l'hymne du parti.
Plusieurs milliers de militants du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) - seulement des membres d'organes décisionnaires ou des responsables de sections - étaient appelés mercredi à glisser leur bulletin dans près de 400 bureaux installés dans le pays et à l'étranger.
Pas "bien connu"
Pour le politologue Geoffroy Kouao, Tidjane Thiam n'est pas "bien connu des Ivoiriens" et "le PDCI doit redoubler d'efforts en termes de communication politique et de rencontres".
Le chef du PDCI a en effet été absent du pays pendant plus de 20 ans pour une carrière à l'étranger à la tête de grandes entreprises financières telles Aviva, Prudential ou Credit Suisse.
Dans son entourage, on assure que son expérience internationale est un atout et que sa popularité reste intacte à travers tout le pays.
La campagne de Tidjane Thiam est d'autre part parasitée depuis plusieurs semaines par une polémique concernant sa nationalité.
Né en Côte d'Ivoire, il a acquis la nationalité française en 1987 et y a renoncé en mars dernier, afin de se présenter à la présidentielle, scrutin pour lequel un candidat ne peut être binational.
Mais selon ses détracteurs, l'acquisition d'une autre nationalité l'a automatiquement déchu de sa nationalité ivoirienne, en vertu de l'article 48 du code de la nationalité, datant des années 1960.
Le PDCI a dénoncé des "manœuvres" du pouvoir afin d'empêcher Tidjane Thiam d'être candidat. La commission électorale a par ailleurs rejeté jeudi les requêtes contestant son inscription sur les listes électorales, une procédure judiciaire est toutefois toujours en cours.
Des opposants inéligibles
Mais à mesure que l'échéance approche, les tensions montent dans l'opposition, qui multiplie les meetings. Trois figures politiques ont affirmé leur intention d'être candidates à la présidentielle, même si elles sont inéligibles en raison de condamnations judiciaires.
Il s'agit de l'ancien président Laurent Gbagbo (2000-2011), investi par le Parti des peuples africains - Côte d'Ivoire (PPA-CI), de son ancien bras droit Charles Blé Goudé, et de l'ancien Premier ministre et ex-chef rebelle Guillaume Soro, en exil.
Le nom des trois hommes n'apparaît pas sur la liste électorale provisoire, dont la version définitive sera publiée en juin.
En outre, le PDCI de Thiam et le PPA-CI de Gbagbo ont annoncé suspendre leur participation à la Commission électorale, en dénonçant le manque d'indépendance de cet organe chargé d'organiser les élections.
Le parti au pouvoir, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), a répondu qu'il "n’entend pas se laisser distraire par tout ce vacarme orchestré par une opposition qui, en réalité, a peur des élections".
Avec AFP