07-05-2025 09:40 - Editorial du Calame : Lucidité

Editorial du Calame : Lucidité

Le Calame - Dans son classement annuel qui sert de baromètre à la liberté de presse dans le Monde et publié chaque année le 3 Mai, à la veille de la Journée mondiale de la Presse, Reporters Sans Frontières (RSF) a rétrogradé la Mauritanie de la 33ème place qu’elle occupait l’an dernier à la 50ème.

Pourquoi, à votre avis ? La presse n’a plus affaire avec le tristement célèbre article 11 qui lui valut tant de déboires, de saisies et d’interdictions jusqu’en 2005. Les journalistes ne sont ni jetés en prison, ni empêchés de faire leur travail, encore moins maltraités par le pouvoir en place. Le mal est plus insidieux. Il ronge la profession depuis ses débuts et RSF ne s’y est pas trompé en mettant le doigt sur la plaie.

« Depuis la dépénalisation des délits de presse en 2011 », fait en effet observer son rapport, « les journalistes peuvent travailler dans un environnement moins répressif mais vivent dans une grande précarité. […] la fragilisation économique des media constitue l’une des principales menaces pour la liberté de la presse ». Tout est dit.

La situation financière du secteur est plus que précaire : les ventes de la presse-papier sont en chute libre depuis plusieurs années du fait de la concurrence d’Internet, la publicité est inexistante, les annonces officielles restent l’apanage du quotidien national, le fonds d’aide à la presse est distribué à la va-vite et les vraies entreprises de presse n’y ont droit qu’à la portion congrue.

Si la disparition, à moyen terme, de la presse-papier est sans doute inéluctable, il reste impératif de maintenir la réflexion citoyenne et sa libre capacité d’investigations hors de l’excitation généralisée de ce monde. Garder la tête froide a un coût.

Ahmed ould Cheikh





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Commentaires (1)

  • ouldsidialy (H) 07/05/2025 15:35 X

    Ce journaliste est connu pour savoir être factuel et aller droit au but. Les Maures sont des négros-berbéro-arabes. Il arrive que leur "ADN Maaquil" ressorte davantage. On sait aussi que ce journaliste tient par miracle (d'une baraka qui ne saurait être Maaquil.. ..sourire ) un des rares journaux sur support papier qui a pu se vendre notablement de façon indépendante, sur le temps long . Celui là ( et d'autres) ne vend pas une qualité qu'il est en train de chercher....... J'ai commis, il y a peu, dans une veine légèrement plus hybridée par un climat plus exotique, à la Mauritanie, ce qui suit ; au sujet de la liberté revendiquée par la presse.

    1) Produire de l'information, c'est s'arroger de devenir porteur d'information, formater sa compréhension , influencer etc. Ce droit est auto-octroyé. Les journalistes ne sont pas élus. Une convention parmi les possibles, est que les journalistes fassent leur travail de la façon la plus libre. Faire presse exige d'avoir de l'argent . L'argent provient d'une association variable entre la vente du produit de presse et le financement tiers, privé ou publique. La légitimité à revendiquer une totale liberté de presse n'existe que si le journaliste vit de la vente exclusive de sa production. On constate que cela n'existe nulle part. Les médias classiques vivent surtout de financements tiers, lesquels obtiennent en retour des compensations logiques .Les financements par des entreprises où l'Etat demandent et obtiennent du service, en lien avec l'intérêt des payeurs.

    La liberté de presse n'est pas de ressort exclusivement idéologique. Il n'y a que le peuple qui croit cela, quand les journalistes et les politiques gagnent à le faire croire. Historiquement, la presse classique (PC) n'a jamais réussi à vendre grand-chose à ses lecteurs, auditeurs ou spectateurs en Mauritanie. Aujourd'hui elle se trouve fort démunie à revendiquer la liberté alors qu'elle ne peut pas en financer une partie du prix. Les déterminants économiques des médias sociaux (MS) comme de la presse classique (PC) sont similaires. Ils sont soumis, tous deux, à des volontés de régulation. Les MS subissent à notre époque une pression supérieure parce que les PC sont généralement sous contrôle depuis longtemps ou que leurs moyens de contention sont déjà connus et éprouvés. La liberté de la presse est à ce point maitrisée qu'elle est un outil d'interaction stratégique pour les jeux de puissance entre les Etats. Par exemple, Reporter sans frontière, peut à la fois servir son objet sociale et défendre des influences sans relation avec lui.

    2) Les pays les plus avancés démontrent que l'institutionnalisation des financements et des statuts de la presse associée à une autogouvernance présente l'avantage de remplacer la censure par l'auto censure. Ceci est jugé moins couteux et compliqué à gérer par plusieurs Etats. La chose est aussi appréciée par les journalistes parce que cela sécurise leurs sources de revenus et augmente le pouvoir de la presse et leur pouvoir. Dans le modèle abouti, la légitimé des revenus de la presse ne pose pas de problème, en revanche la constitution d'un pouvoir médiatique par nature non démocratique, pose davantage de questions. Dans les pays autoritaires, la presse n'est jamais en situation d'usurpation de pouvoir comme elle peut l'être dans les pays démocratiques. Comme quoi, les résultats de la liberté ne sont pas forcément ceux que l'on attend.

    3) L'irruption de la possibilité pour chacun de devenir médiateur de presse inquiète les journalistes classiques. L'inquiétude est proportionnelle à leur fragilité de situation. L'article du journaliste commenté(JD), dit une partie de ces fragilités. L'examen attentif des arguments fait voir qu'ils n'ont qu'un lointain rapport avec la défense de la liberté de la presse à proprement dite. Mais tournent autour de sa nécessaire régulation. Que les médias sociaux (MS) soient une immense décharge où le pire côtoie le meilleur ou que les MS soient source de désinformations, pose des questions de qualité médiatique ou de sécurité nationale. La question de la qualité se pose pour tout média d'information (MI) et la sécurité nationale est une responsabilité régalienne, pas une préoccupation de liberté de presse ! La désinformation n'est pas non plus spécifique. Le formatage de l'opinion est le résultat habituel d'un travail de PC . Mentir par omission d'auto-sensure, donne parfois des résultats similaires à mentir par fabrication etc... Au final, la liberté de mentir est une liberté, pas une censure.

    Mais le journaliste est honnête dans son article , il parle clairement de ce qui est sa préoccupation. Il regrette " l'anarchie" qui régit l'accès à son métier et semble inviter à davantage le réglementer. Il a raison. C'est un aspect important en faveur de l'institutionnalisation de la presse. Mais l'anarchie est gênante avant tout pour la qualité pas pour la liberté de presse. L'institutionnalisation n'est pas un outil , en soi, pour favoriser la liberté de presse mais un moyen qui contribue à la qualité de la presse.

    4) Les journalistes mauritaniens semblent vouloir faire l'impasse sur les besoins d'argent des MS. Ils sont pourtant évidents. Les médias sociaux dépendent de l'argent public et privé autant que les journalistes de PC. Un journaliste vit de la publicité et des intérêts liés à l'entrepreneur qui lui donne de la publicité ou des subventions. Un Tic Toqueur démarre avec ses seuls moyens mais pérennise son succès soit par rémunération de la plateforme soit par de l'argent public. La préoccupation pour le journaliste comme le youtubeur est que ses revenus soient moins aléatoires et personne dépendante mais aussi " d'anoblir" leur conditions de perception. Tous deux ont intérêt à un cadre légal pour les financements. Il s'agit pour l'un de ne plus dépendre d'enveloppes de salons et pour l'autre d'un envoi bankily.

    L'Etat mauritanien, comme tous les états, financent la presse pour servir ses objets et les protéger de ce qui lui semble défavorable. La rationalisation de la dépense publique vise à assurer l'efficacité pour atteindre les objectifs. Les responsables politiques mauritaniens ne sont pas des imbéciles. Ils savent que le financement des MS est nécessaires. Les solutions institutionnelles légales sont également possibles. Mais la créativité administrative est à la peine. Les procédures sont celles de l'administration européennes des années 60 quand il n'y avait pas d'internet.

    5) On remarque que l'on ne voit pas souvent la presse examiner les conséquences du financement de l'Etat sur la liberté d'expression. On note également un assagissement de la critique politique ces dernières années. Cela indique que l'institutionnalisation des subventions publiques donne de bons résultats; en se mettant du point de vue de l'Etat. L'intensité des disputes autour des subventions indiquerait elle aussi une faiblesse des contributions de l'offre privée de financement ? Le pays a pourtant un secteur minier actif et un regain d'intérêt politique pour les influenceurs/ payeurs étrangers pour médias locaux. L'expression des journalistes sur eux-mêmes semble indiquer des difficultés d'orchestration de la mise en œuvre de l'institutionnalisation des sources de revenus. La mise en œuvre des projets est une des grandes faiblesses des administrations mauritaniennes. En revanche, la faiblesse de la critique économique est historique dans le pays et n'a pas de relation avec la régulation actuelle de la presse.