27-05-2012 09:01 - Le climat d’affaires en Mauritanie.
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Je reviens d’abord sur une étude bien qu’effectuée en 2006-2007 par la Banque Mondiale sur 237 entreprises industrielles formelles et 124 petites entreprises informelles, elle reste, à mon avis, d’actualité et représentative de la situation économique du pays.
Chez nous, « la productivité du travail est au-dessous de la moyenne comparée aux pays à revenu intermédiaire hors de la région Afrique. Les firmes manufacturières en sont peu productives: la productivité du travail et du capital est faible. Tout ceci implique que les performances à l’exportation et la rentabilité des firmes manufacturières sont limitées.
Ce constat d’une faible productivité n’est malheureusement pas restreint à l’industrie manufacturière, la productivité dans les autres secteurs de l’économie reste assez faible. Ceci pose le problème des éléments limitant la croissance de la productivité en Mauritanie. »
Selon toute vraisemblance, les principales contraintes du monde d’affaires mauritanien sont respectivement : la corruption et ses coûts sur le chiffre d’affaires ; l’inefficacité de la réglementation, l’insécurité juridique ; l’instabilité politique, les attaques de AQMI , la défaillance des facteurs de production( capital et travail) , la quasi inexistence de l’épargne, manque d’ infrastructures efficientes (électricité, port, transport) et cela malgré les efforts entrepris pour y remédier.
Des experts préconisent, cependant, une série de mesures allant dans le sens d’une incitation au développement régional, l’encouragement de jeunes prometteurs et des petits métiers, la défiscalisation et la prise en charge des contributions patronales. Les entreprises qui ont une activité axée sur l’exportation seront favorisées par un régime fiscal assoupli. Ces entreprises doivent bénéficier d’une exonération sur le bénéfice industriel et commercial et l’impôt minimum forfaitaire pendant les 10 premières années de leurs activités et le payement de 50% de leurs droits à partir de la 11ième année.
S’agissant de l’encouragement des jeunes promoteurs et des petits métiers, des critères ont été dévoilés pour renforcer les qualifications de ces jeunes. Ceux qui ont l’expérience ou les qualifications requises, devront réaliser et assumer la gestion de leurs projets.
Parmi les jeunes à encourager il faut adopter des critères tels que : enfants d’agriculteurs, de pêcheurs ou d’artisans, ayant un âge ne dépassant pas 40 ans et/ou exerçant leur activité principale dans les domaines de l’agriculture, de la pêche ou de l’artisanat ainsi que les techniciens diplômés des établissements d’enseignement ou de formation agricole, de pêche ou d’artisanat.
Pour ce qui est de la contribution du secteur bancaire aux financements des investissements, la barre de celui-ci dépasse difficilement les 6 % de financement des actifs à long terme alors que suivant les secteurs, 62 à 83% des ressources de financement des entreprises pour l’investissement sont couverts par des capitaux propres (d’après l’étude susmentionnée).
En outre, je crois fort que le taux d’intérêt excessif appliqué par les banques commerciales freine la relance économique en Mauritanie. Des réformes devront être entreprises dans le sens de la création des activités à travers des crédits productifs et prometteurs selon les mécanismes du « capital risque ».
Ainsi, la Mauritanie compte 13 banques avec un taux de bancarisation de 5 % seulement. À quelques exceptions près, ces banques ont une particularité spécifique, c’est celle du monopole du secteur bancaire pour consolider d’autres activités exercées par les actionnaires principaux de ces mêmes structures bancaires.
Une réforme bancaire a été, certes, entamée par la Banque centrale, mais l’organisation du secteur souffre toujours d’un dysfonctionnement qui ne dit pas son nom. Si l’on en croit un banquier de la place, un tel dysfonctionnement est imputé, en partie, à la rigidité des procédures privant à titre d’illustration les banques privées de se procurer de la devise nécessaire pour leur développement.
Personne ne peut réfuter, par ailleurs, que la mise à niveau de l’économie, l’indépendance de l’appareil judiciaire, l’instabilité politique et la lutte contre la corruption demeurent indispensables pour le drainage de l’investissement.
Toutefois, les sanctions à l’encontre des corrompus et corrupteurs ne sont guère de mise dans le pays, et si elles existent, elles servent, semble-t-il, à régler les comptes à certains ou à maintenir le statuquo à travers un ostracisme renforcé par un populisme ambiant.
Par Mohamed Fouad Barrada
m_barrada@yahoo.fr