16-02-2025 19:45 - Exploitation artisanale de l’or : Rien ne va plus entre producteurs et Maaden
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La Dépêche -
Les producteurs artisans et semi-industriels refusent depuis quelques jours de remettre entre les mains de Maaden leur production. Les raisons invoquées sont multiples : hausses de la taxation et retard de paiements.
Septembre 2024, le premier Ministre, Mokhtar Ould Diaye, promettait que des efforts visant entre autres objectifs à encadrer l’orpaillage, à en garantir l’intégration à l’économie et à en rehausser la productivité seraient consentis dans le cadre de l’action de son gouvernement. Une profession de foi que les administrations se devaient de traduire, dans les faits, sur le terrain.
Dans ce cadre, un énorme soupçon pèse sur l’agence Maaden Mauritanie que l’Etat a chargé, selon la loi 2022-026 « d’encadrer, organiser, exploiter et suivre les activités minières, artisanales et semi industrielles » de ramer à contre-courant de cette volonté politique de booster la productivité de ce secteur qui a rapporté en 2023 plus de 200 millions Usd.
Les producteurs semi-industriels y sont représentés par 25 usines. Un sous-secteur qui occupe directement plus de 50.000 mauritaniens et 200.000 autres investis dans des activités en annexe à l’activité aurifère artisanale et semi-industrielle.
Face à l’amplification de leurs problèmes liés à la gestion de Maaden, les producteurs disent qu’ils n’en peuvent plus. Les promoteurs du sous-secteur se plaignent aujourd’hui d’une surenchère de la taxation. Celle-ci qui y irait crescendo se décompose en 3% pour les taxes de douane et 6% pour la redevance d’administration de Maaden Mauritanie. 2% des taxes douanières retenues sont des acomptes, au titre l’impôt annuel sur les bénéfices des sociétés (IS).
Cette hausse ne s’accompagne pas d’une revalorisation du prix de cession du produit à Maaden. En effet, selon certains acteurs, Maaden s’en tient toujours à un prix standard qui ne tient jamais compte de la hausse du prix de l’or sur le marché international. Or, il y aurait beaucoup à perdre (ou à gagner sur ce registre quand on n’est pas producteur). Certains vont jusqu’à évoquer des questions « obscures » dans le calibrage de leurs productions.
A cette hérésie, il faut aussi ajouter ces producteurs qui n’ont pas toujours une surface financière très importante et qui pâtissent aussi du temps et des lourdeurs de Maaden dans le paiement de leurs ristournes.
Ces questions récurrentes sur la gestion de l’orpaillage dans notre pays remettent d’ailleurs au goût du jour les lacunes d’organisation de l’agence Maaden qui tarde elle-même à se mettre aux normes de la transparence des industries extractives. Mais c’est là une autre affaire.
Nous y reviendrons.