09-10-2017 21:00 - Mauritanie : Bababé, une localité sans internet
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Africpost - De la maison des livres aux papeteries en passant par les écoles et le centre informatique, la connexion internet est inexistante. Les citoyens peinent à se procurer des dossiers administratifs. Ils attendent, des heures dans le centre d’enrôlement de la commune, la connexion qui fonctionne de manière sporadique.
Certains étudiants, venus passer les grandes vacances en famille, sont obligés d’écourter leurs séjours du fait de l’absence de connexion. D’autres et des cadres font quotidiennement la navette entre Bababé et la capitale régionale de GorGol ou Boghé pour se connecter. Ceux qui utilisent leurs cellulaires ne parviennent pas à lire leurs messages avec les puces 3G+.
Dans une salle, on trouve des jeunes filles qui suivent des cours d’initiation en informatique. Des élèves et étudiants qui sont en vacances depuis le mois de juin, pour la plupart, profitent de la période estivale pour acquérir des compétences en technologie de l’information et de la communication.
11 apprenants sont devant des écrans de marque HP. Ils font des travaux pratiques en bureautique. Aucune machine n’est connectée sur internet.
Maimouna SALL, bachelière et âgée d’une vingtaine d’année, est devant la porte de la salle avec ses camarades. Elle explique : « je suis inscrite pour suivre des cours d’initiation en informatique. Malheureusement le centre ne dispose toujours pas d’internet. Nous voulons avoir une connexion pour faire des recherches pendant les grandes vacances et préparer les examens nationaux.»
« Quand je veux me connecter avec mon portable, j’utilise le réseau Chinguitel qui est meilleur que Mauritel. Cependant tous les trois réseaux (Mauritel, Mattel et Chinguitel) n’assurent pas une bonne connexion internet, ni sur les ordinateurs encore moins sur les téléphones portables. Je n’arrive pas à télécharger les messages vocaux. J’attends la reprise des cours pour effectuer des recherches et ouvrir mes comptes emails, une fois à Zouerate, » ajoute-t-elle.
Une autre fille, élève en terminal pour l’année scolaire 2017-2018, soutient : « c’est une très mauvaise connexion. J’achète du crédit téléphonique pour la connexion et je n’arrive pas à me connecter. On ne se retrouve pas du tout avec ces opérateurs.
Des fois, je suis obligée d’aller à Bogué ou à Kaédi pour avoir de la connexion. Si on n’a pas la connexion, surtout si on est candidat au baccalauréat, on ne pourra pas être à mesure de traiter des sujets non traités en classe. »
Même avec les clés de connexion utilisées par certaines personnes et les pas achetés à un coût élevé, la connexion se fait toujours désirée. Comme d’habitude, les promesses ne manquent pas. Les jeunes qui en ont marre avec les responsables comptent organiser une manifestation dans les prochains jours pour réclamer la connexion.
Selon le formateur et gérant du Bababé Center Informatique, DIA Hachim Cherif : « Nous voulons organiser une marche pour monter notre mécontentement avec les opérateurs, demander la mise en place d’un câble filaire pour brancher les cybers et d’implémenter au moins une antenne 3G+. »
Le centre informatique de Bababé est situé juste à côté de l’école 2. Avec 11 ordinateurs à sa disposition, il est mis en place par une association des jeunes de Bababé en Belgique (association pour le développement socioéconomique en Belgique)
Au centre d’enrôlement c’est le pire puisque le mercredi 06 septembre des agents de l’agence nationale du registre de la population et des titres sécurisés sont restés plus de deux tours d’horloge sans activité faute de connexion. Du coup des personnes, venues chercher des documents administratifs, ont rebroussé chemin sans suite favorable. Cette situation est fréquente dans ce centre selon les hommes rencontrés.
Suite aux nombreuses demandes des jeunes auprès des autorités locales pour réclamer plus de considération, le député du département, Mika Birame Fall, rassure : la connexion internet fait un grand problème. J’ai eu à parler avec le directeur chargé des réseaux d’internet de Mauritel, il m’a assuré que ce problème sera résolu au plus tard au mois d’octobre.
C’est une demande de la jeunesse que je suis en train de transmettre aux autorités compétentes. J’attends l’échéance pour voir comment explorer d’autres pistes.
L’absence d’une connexion internet est une principale cause qui fait fuir certains intellectuels et impact négativement le système scolaire. La mauvaise qualité du service offert par les opérateurs ne doit pas laisser les autorités sans réactions.
BA Oumar