16-01-2018 12:33 - Presse privée à l’agonie dans une situation alarmante du pays.
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L'Eveil Hebdo - Dire que la situation générale du pays est difficile est un euphémisme. Pour l a première fois depuis l’instauration de la démocratie, la presse écrite est restée un mois sans paraitre. C’est le cas également de la majorité des radios et télévisions privées qui ont cessé d’émettre depuis plus de deux mois.
Ces difficultés ne sont pas uniquement l’apanage de la presse mais en fait c’est la situation générale du pays qui laisse à désirer. Comme beaucoup le craignaient, l’introduction de la nouvelle monnaie ne s’est pas faite non sans encombre.
Le premier couac venant des commerçants qui ont profité de cette situation pour augmenter encore une fois le prix des denrées de première nécessité, sous les yeux impuissants ou complaisants de l’Etat. Comme c’est le cas depuis bien longtemps, le consommateur n’a plus que ses yeux pour pleurer et encore pour combien de temps !
Il ne fait pas bon d’être journaliste par les temps qui courent en Mauritanie.
C’est tout simplement la première fois depuis l’avènement de la démocratie que la presse écrite privée reste plus d’un mois sans paraitre. L’imprimerie nationale en état de cessation d’activité n’a même pas pu éditer les deux quotidiens gouvernementaux. Une première encore ! Même au temps du règne du Ould Taya, la presse écrite n’est jamais restée aussi longtemps sans paraitre.
Le plus inquiétant, c’est que cette situation inédite n’a pas semblé émouvoir le pouvoir public. Situation qui a poussé certains journalistes à douter de la bonne foi des autorités qui avaient promis de résoudre le problème pendant la première semaine du mois de janvier 2018.
Les journaux déjà presque à l’agonie depuis la circulaire du premier ministre (interdisant les abonnements et insertions publicitaires avec les entreprises et institutions de l’Etat), auraient pu se passer de ce coup de massue de l’imprimerie qui va conduire à la mort de nombreux titres.
Ceux, qui arrivent encore à résister, sont dans un état critique, cumulant des arriérés de salaires, de loyers et de diverses factures. Pour enfoncer le clou, les miettes que distribue le fonds d’aide à la presse ont connu un sérieux retard du fait de la non disponibilité de son président durant plus de 15 jours. Il ne fait pas bon d’être journaliste par les temps qui courent en Mauritanie.
« Augmentation en flèche des prix »
Mais encore, la situation du pays que l’on sait difficile depuis plus de trois ans du fait de la chute du prix des matières premières, s’est encore dégradée. Loin des discours pompeux et mielleux des autorités, la crise est là . L’introduction de la nouvelle monnaie y a ajouté une couche supplémentaire.
En effet, ce que beaucoup craignaient commencent à se réaliser : une augmentation des prix des denrées. Le riz, le poisson, les légumes, l’huile… Les commerçants profitant comme d’habitude du laxisme des autorités de contrôle, spéculent encore une fois sur les prix.
C’est le cas notamment du ciment, du fer et du bois qui ont vu leurs prix monter en flèche à la faveur de la nouvelle monnaie. L’Etat qui disait avoir pris toutes les mesures pour protéger les citoyens contre une inflation se distingue comme d’habitude par son indulgence ou sa complicité avec les commerçants.
Autre désagrément, le changement d'unité de la monnaie nationale se fait avec difficultés.
La population mauritanienne a du mal à s'habituer à ce changement.
Depuis près de deux semaines, de longues files d'attente s'observent devant les établissements bancaires de Mauritanie. Les Mauritaniens viennent changer leurs anciennes ouguiyas. De fait, la plupart des petits commerçants, les chauffeurs de taxi, les vendeurs de crédit de téléphone refusent la nouvelle monnaie.
Par ailleurs, les détenteurs de cartes internationales doivent prendre leur mal en patience, les distributeurs automatiques n’étant pas encore adapté.
En tout état de chose, les explications pour justifier le changement de monnaie ne convainc pas. Si certains évoquent une dévaluation cachée, d’autres parlent encore de d’ambition démesurée du Président Aziz qui chercherait à mettre son empreinte sur tous les symboles de l’Etat en préparation d’une éventuelle candidature pour 2019. En attendant c’est la population qui se meurt !
AOB