19-10-2024 11:11 - De grâce, un peu d’humilité Par Maître Mine Abdoullah, avocat à la Cour

De grâce, un peu d’humilité Par Maître Mine Abdoullah,  avocat à la Cour

Le Calame - C’est l’absence d’humilité de la part de nos responsables à tous les niveaux qui a fait que tant de relations qui auraient pu être fructueuses, bénéfiques se détériorent ; que tant de projets s’arrêtent au niveau des études ; que tant de financements ont été peu ou mal utilisés ; que tout le pays est déséquilibré.

On se demande donc si notre pays n’est pas habité par une force qui détruit toute humilité ; une force qui pousse certains à l’orgueil et d’autres à cultiver des égos surdimensionnés. Au point qu’on constate que :

- Tout Mauritanien qui revient au pays, après quelques années d’études – parfois même mal suivies – tend à se comporter comme un juge, comme un savant ;

- Tout Mauritanien – même sorti de la plus sombre des écoles – se mue en législateur redoutable, se prend pour un puits, une source de science ;

- Tout Mauritanien qui choisit la profession d’homme d’affaires (oh combien difficile, quand on sait ce qu’il faut comme acrobaties !) s’érige, du jour au lendemain, en un homme politique – en dépit souvent de ses qualités intrinsèques peu rassurantes – et veut devenir le premier magistrat du pays ;

- Tout Mauritanien veut, d’une manière illicite, devenir – avant même de terminer ou d’entamer sa carrière – propriétaire immobilier, actionnaire le plus important d’une société, posséder des ranchs, des troupeaux de chameaux… ;

- Tout Mauritanien pense pouvoir, sans expérience avérée, ni savoir-faire, ni le sens des affaires, sans disposer de capital, devenir Directeur d’une entreprise, d’une banque, ou armateur ;

- Tout Mauritanien, malgré la méconnaissance des réalités du pays, de la société – soit pour l’avoir quitté, soit pour l’avoir négligé – n’hésite pas un seul instant à se porter candidat pour devenir député, conseiller dans son terroir où, le plus souvent, il ne met les pieds qu’à l’occasion des élections ou de décès de notables bien connus. Le reste du temps, il ne se soucie ni des problèmes de sa localité, ni ceux de ses habitants…

Le manque d’humilité conduit aussi à des complexes de supériorité pouvant déboucher sur des attitudes même racistes.

Loin de nous, l’idée de faire le procès de qui que ce soit mais force est de constater que le manque d’humilité est une tare qui n’épargne personne : civils, militaires, fonctionnaires, homme d’affaires, intellectuels, éleveurs, personnes sans – ou de peu de – culture… Le manque d’humilité est, depuis plusieurs années maintenant, un trait dominant de bien des Mauritaniens, en particulier les « cadres ».

Beaucoup de « cadres », carriéristes à souhait, dont la réussite ne dépend que de l’activisme politique et le zèle à servir le pouvoir du moment, toisent les autres de haut, se prennent pour des personnalités indispensables, incontournables, sans que leur « poids » et « statut » ne servent à grand-chose pour leur communauté. Tout au plus, ils utilisent ce pouvoir et cette « richesse » acquise, de façon illicite le plus souvent, pour écraser « toute concurrence ».

Pour ce genre de personnes, le m’as-tu-vu prend le pas sur tout autre chose : ils n’investissent jamais, n’aident pas – sauf de façon très intéressée – et pour eux, ils sont le centre du monde, le regard rivé sur leur nombril.

Le manque d’humilité est à dissocier de la fierté qui doit animer tout être humain, l’amour pour soi, la personnalité, la culture de l’honneur. Le manque d’humilité est à rapprocher de l’orgueil mal placé et conduit généralement à la dégringolade. Ne dit-on d’ailleurs pas que « L’humilité précède la gloire et l’orgueil précède la chute » ?

Le manque d’humilité – qui renvoie à un état mental et psychologique peu affirmés – est le propre des individus qui refusent la réalité et qui doutent de leur propre dignité, se persuadant que tout ce qui est différent d’eux n’est pas bon ; tout ce qui ne vient pas d’eux est insignifiant !

De ce constat, il ressort qu’un pays ne peut se développer si de tels comportement continuent d’être cultivés par les cadres car des cadres de cet acabit ne peuvent faire avancer une nation qui a besoin d’hommes sages, patients et honnêtes.

Un pays ne peut se construire que dans l’harmonie, la complémentarité, la symbiose où se cultive le respect des uns envers les autres. C’est aussi à ce prix que la parfaite cohabitation et la bonne coexistence peuvent s’instaurer pour le grand bénéfice de tous.

Enfin, n’est vraiment digne du nom d’HOMME que celui à qui l’humilité a appris la sérénité et le courage de changer ce qui n’est pas bon, la sagesse de comprendre que la vie d’un homme est si courte et ne mérite nullement d’être consacrée à des comportements indignes ou des agissements terre-à-terre.

Maître Mine Abdoullah
Avocat à la Cour



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Commentaires (1)

  • Yahyaoui (H) 19/10/2024 12:28 X

    Maître Mine Abdoullah, que Dieu vous garde encore parmi nous et longue vie à vous et votre famille. Les plumes rares de la Mauritanie existe encore, vous devriez le plus souvent écrire et vous faire lire par les intellectuels mauritaniens, vous avez tout dit, vous avez tout remarquez et fait remarquer le manque d’humilité qui gangrène notre société, ce qui devrait être une richesse pour la Nation et le peuple dans ses composantes est devenu une arme de division et de séduction pour les illettrés, j’approuve toute la rédaction de l’article qui explique aujourd’hui le mauvais comportement de nos hommes, parce que ceux qui sont au sommet ne sont pas des exemples pour la bonne gouvernance et ils n’ont pas des bonnes idées pour réunir ce peuple en un seul peuple avec des visions pour l’avenir, ceux qui nous gouvernent depuis 1978 ont détruit le tissu social, cela devient de mal en pire avec chaque arrivé au sommet des compteurs divisionnaires en treillis et nullards dans l’unification, seulement les mauritaniens n’ont aucun espoir avec l’actuel chef suprême de se ressouder, pour l’avenir de nos enfants qui sont mal orienté dans le système de chacun pour soit et Dieu et la vérité pour les riches.