05-02-2025 14:00 - Nouakchott : une capitale en quête de renouveau
![Nouakchott : une capitale en quête de renouveau](media/photos/photo//souleymane_sidibe_755BF9565C78.jpeg)
Il y a quelques années encore, à chaque prière, les habitants de Nouakchott, capitale de la Mauritanie, imploraient le Tout-Puissant de les épargner des caprices de la tectonique des plaques.
Cette crainte s’expliquait par la vulnérabilité de la ville, située au-dessous du niveau de la mer et constamment menacée par des inondations.
Aujourd’hui, bien que cette menace semble s’atténuer, probablement grâce aux prières ferventes et aux innombrables mosquées construites – parfois dans des buts discutables –, Nouakchott reste engluée dans des défis cruciaux qui appellent des solutions immédiates et durables. La ville est en quête de dignité et de modernité, à l’exemple d’autres capitales du continent.
Chaque jour, ses habitants subissent les conséquences d’une urbanisation mal maîtrisée, d’infrastructures obsolètes et de services essentiels insuffisants. Les promesses s’accumulent, mais la réalité demeure immuable : pénurie d’eau, coupures d’électricité, insalubrité, insécurité et un coût de la vie insoutenable.
À cela s’ajoutent des problèmes souvent négligés, mais tout aussi préoccupants : absence d’espaces verts, manque de bibliothèques dans les quartiers, chaos routier causé par des véhicules vétustes et un manque criant de civisme. Si quelques avancées ponctuelles sont notables, elles ne parviennent pas à combler les lacunes majeures.
Les défis amplifiés
1. Accès limité à la culture et à l’éducation
Les quartiers de Nouakchott manquent cruellement de bibliothèques, d’espaces culturels et de centres éducatifs. Cette absence entrave l’épanouissement intellectuel et social des habitants, en particulier les jeunes. Or, la jeunesse a besoin des compétences fondamentales nécessaires pour affronter la vie, qu’il s’agisse de savoirs techniques ou académiques.
2. Espaces verts inexistants
La ville, suffoquée par la poussière et l’urbanisation anarchique, n’offre que très peu de zones de détente. Le manque d’espaces verts prive les habitants d’un souffle d’air nécessaire à leur bien-être.
3. Insalubrité et pénurie d’eau
Nouakchott souffre d’un assainissement insuffisant et de la gestion inadaptée des eaux usées. Les déchets s’amoncellent, et en période de pluies, l’absence de canalisations aggrave la situation. Les eaux stagnantes favorisent la prolifération de maladies. La ville manque cruellement de stations de traitement et d’épuration des eaux, essentielles pour garantir un environnement sain et une eau potable de qualité.
4. Chaos routier et incivisme
Les rues de la capitale sont envahies de véhicules vétustes, souvent dangereux et non conformes aux normes de sécurité. L’absence de signalisation adéquate et le non-respect des règles de circulation augmentent les risques pour tous les usagers. Ne faudrait-il pas rendre obligatoire la validation d’un examen théorique sur le code de la route avant de passer l’épreuve pratique du permis de conduire ? De plus, instaurer un système de retrait de points pour les conducteurs qui ne respectent pas le code de la route, les autres usagers et les agents de l’État serait une mesure dissuasive. Pourquoi ne pas également aller plus loin, en passant de simples verbalisations à des poursuites judiciaires pour les infractions graves ? Bien évidemment dans un cadre judiciaire prenant en compte l’ensemble des langues nationales.
5. Structures éducatives insuffisantes
Les écoles publiques sont en sous-effectif, manquent d’équipements et peinent à faire face à la croissance démographique. Certaines écoles ont été transformées en boutiques, tandis que d’autres ne disposent même pas de toits. Les enseignants, malgré leur dévouement, ne peuvent accomplir de miracles dans ces conditions. L’imposition de l’arabe obligatoire dans tout le cursus scolaire pénalise également les écoles privées, autrefois garantes de meilleurs résultats.
Il est essentiel de confier l’éducation à la mairie afin de développer des volets éducatifs adapté. Le maire de la commune pourra ainsi s’assurer que les enfants, dès leur plus jeune âge, notamment en crèche, bénéficient d’un programme éducatif riche, incluant des volets scolaires, civiques et artistiques. Des inspecteurs de l’enseignement fondamental interviendront de manière inopinée pour évaluer la qualité des enseignements et feront régulièrement le point avec l’adjoint au maire chargé de l’éducation. Ces écoles du fondamental dépendront de l’Académie de la ville, dirigée par une personne qualifiée et compétente, en conformité avec les programmes du ministère de l’Éducation.
Des solutions globales et inclusives
1. Développer des espaces culturels et éducatifs
• Construire des bibliothèques publiques dans chaque quartier pour encourager la lecture et l’accès au savoir.
• Créer des centres culturels et artistiques pour offrir des alternatives constructives aux jeunes et combattre l’oisiveté.
2. Investir dans des espaces verts
• Aménager des parcs urbains et des jardins publics pour améliorer la qualité de vie des habitants.
• Lancer des programmes de reboisement et des campagnes de sensibilisation à l’écologie.
3. Mettre en place des stations de traitement et d’épuration des eaux (STEP)
• Construire des stations pour garantir un accès universel à l’eau potable et assurer une gestion efficace des eaux usées.
• Moderniser les systèmes d’assainissement pour éviter les inondations et prévenir les maladies liées à l’insalubrité.
4. Assainir la ville
• Instaurer un système de gestion des déchets performant, avec des bacs de tri dans chaque quartier et des unités de recyclage.
• Mettre en place un réseau de drainage efficace pour prévenir l’accumulation d’eau stagnante dans les rues.
5. Réformer le système de transport urbain
• Retirer les véhicules vétustes et instaurer des contrôles techniques stricts.
• Organiser le trafic avec une signalisation moderne et des campagnes de sensibilisation au civisme routier.
• Développer un réseau de transport public écologique et efficace, incluant des voies réservées pour les bus et cyclistes.
6. Renforcer l’éducation
• Moderniser les infrastructures scolaires et garantir un accès égal pour tous.
• Former davantage d’enseignants qualifiés et introduire des programmes favorisant l’esprit critique et la citoyenneté.
7. Encourager le civisme
• Mener des campagnes de sensibilisation sur le respect des espaces publics et des règles de vie en communauté.
• Intégrer l’éducation civique dans les programmes scolaires dès le plus jeune âge.
8. Créer des opportunités pour les jeunes
• Développer des centres de formation technique et professionnelle dans chaque ville pour lutter contre le chômage.
• Favoriser l’entrepreneuriat local et soutenir les initiatives économiques de quartier.
Une vision pour une capitale humaine
Nouakchott ne peut continuer à ignorer les besoins fondamentaux de ses habitants. L’accès à l’eau, l’éducation, la culture, un environnement sain et des infrastructures modernes ne doivent plus être considérés comme des privilèges mais comme des droits.
La transformation doit commencer dès maintenant. Une gouvernance décentralisée, où les mairies jouent un rôle central dans la supervision des projets, semble essentielle. Le chef de l’État n’est pas obligé d’inaugurer chaque petite installation ; des autorités locales compétentes doivent prendre le relais.
Avec une stratégie inclusive et tournée vers l’avenir, Nouakchott peut devenir un modèle de résilience, d’innovation et de civisme. Il est temps d’agir pour que la capitale reflète les aspirations de ses citoyens et retrouve la dignité qu’elle mérite. Toutes ces spécificités doivent être encadrées par un cahier des charges précis, des lois et règlements adaptés, des contrats ou conventions clairs entre les parties, ainsi qu’un système de suivi et d’évaluation rigoureux pour garantir leur efficacité et leur transparence, tout en combattant la gangrène mauritanienne : la corruption.
Souleymane Sidibé
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